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"Exigeant, passionné, charismatique" : comment était Michel avant l’OM
Défenseur de Bastia, François Modesto a évolué sous les ordres de Michel pendant six mois à l’Olympiakos. Il décrit un coach travailleur et passionné, au fort tempérament, apte à réussir à Marseille.
François Modesto, racontez-nous l’arrivée de Michel à l’Olympiakos en janvier 2013…
Il est arrivé à l’Olympiakos, on avait 15 points d’avance en championnat, on était en demi-finale de la Coupe et on était en Coupe d’Europe. C’était plus facile pour lui de s’adapter parce qu’il y avait déjà un groupe d’anciens. C’est un club stable, avec des structures, ce qui a facilité son adaptation. Et en plus, il y avait beaucoup d’Espagnols…
Peut-on parler d’une méthode le concernant ?
Il travaille énormément, c’est un passionné. Tactiquement, on était toujours bien en place, on jouait en 4-5-1. C’est un gagneur, comme il devait l’être en tant que joueur. Il veut remporter tous les matches, il veut imposer sa façon de jouer à l’adversaire. Ça m’avait marqué. L’Olympiakos, c’est un peu le Paris de la Grèce, on a toujours le ballon. En Coupe d’Europe, il a eu des résultats en défendant bas et en partant en contre-attaque contre des grandes équipes.
Quel est son rapport avec les joueurs ?
Il est arrivé en milieu de saison et ça n’a pas été évident pour lui. C’est un entraineur qui reste sur ses principes. Il est discipliné. Il ne veut pas que son groupe fasse n’importe quoi. Il est ouvert à tout. Mais quand il décide quelque chose, il faut s’y tenir. Quand il a pris ses fonctions, je faisais tous les matches. Il est arrivé et je n’ai plus joué, sans explication, sans rien me dire. Ce n’est pas pour ça qu’on était mal ensemble. Pendant un mois et demi, il m’a sorti du groupe. Ensuite, du jour au lendemain, comme je n’ai rien lâché à l’entrainement et que je suis resté sérieux, il m’a fait faire un match. J’ai été bon, il m’a remis titulaire. On a eu une discussion dans son bureau. Ça s’est bien passé. Il n’y a pas eu de problème. Même si au début, ça n’a pas été évident pour moi. Il n’a pas été rancunier. Quand il a vu que j’étais sérieux, il m’a fait rejouer derrière. Quand je suis parti, les joueurs qui l’ont eu, avec Rafael Alkorta dans son staff, m’ont dit qu’ils faisaient du bon boulot. C’est sérieux.
Est-ce un homme charismatique ?
Il est énormément charismatique. Bien sûr. Ça a été un très grand joueur, une légende du Real Madrid. Quand vous l’avez en face… Pour les jeunes, peut-être non, ils ne savent pas toujours qui c’est. Ils l’ont oublié. Je savais très bien qui j’avais en face. Mais si j’avais quelque chose à lui dire, je lui disais en face. Mais c’est quand même un entraineur qui n’aime pas que l’on discute ses choix. Il croit à ce qu’il fait, au travail quotidien. Il récompense le travail à l’entrainement. Il est très exigeant, très sérieux. Il veut que tout le monde bosse au maximum. Il ne supporte pas que les jeunes qui font deux bons matches fassent n’importe quoi. Je me souviens de 2-3 jeunes qui ont fait quelques bons matches, ils se sont enflammés, il les a sortis et ne les a plus fait jouer. Il a raison.
Il cultive une image d’homme de classe…
C’est un homme d’un certain standing. Il s’habille bien. On ne va pas lui enlever son physique. C’est un bel homme. Comme joueur, il avait la classe. Et comme entraineur, il prend soin de lui.
Peut-il réussir à l’OM ?
Oui. Il a le charisme pour entrainer à Marseille. Il a entrainé à l’Olympiakos et ce sont deux clubs qui se ressemblent énormément au niveau de la pression. Il maitrise ça, il maitrise également bien la presse, les joueurs. Il a du caractère. Au début tout le monde va travailler pour lui. Après, on juge les gens sur un an. Qu’est-ce qu’il a à perdre ? A l’heure actuelle, Marseille, c’est zéro point. C’est compliqué, l’entraineur est parti, il y a tout à reconstruire. Si demain, ça se passe bien, il a tout gagné. Il ne prend pas un risque. Vous avez joué 15 ans au Real, vous n’allez pas avoir peur d’entrainer Marseille. Il va juste falloir qu’il s’adapte. Il ne faudra pas le juger tout de suite.