[L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar aristote2 » 24 Nov 2019, 09:06

Les notes de l’équipe du jour pour le match Amiens-Strasbourg sont aussi logiques que le coaching de RG.
Un latéral qui fait 2 passes décisives et met un but lors d’une victoire à l’extérieur 0-4 obtient 7. De même, l’attaquant qui plante un but et délivre une passe décisive obtient 6.
Quelque soit la qualité du match que je n’ai pas vu, si ça avait été Kurzawa et Icardi, quelque chose me dit que les notes seraient plus élevées...
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar koudy » 27 Nov 2019, 13:19

aristote2, attention, si tu commences comme ça, tu vas finir par penser que si ce n'est pas sarr mais mbappé qui prend un crampon sur le genou ce week end, l'arbitre n'attend pas la var pour sortir le rouge.
jarlandine a écrit:Bien fait , au suivant, qu' ils y passent tous , ça en calmera d' autres à défaut de leur faire pousser un cerveau
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar Kenshi » 20 Avr 2020, 14:25

Un peu de lecture pour ceux qui se font chier, l'Equipe a fait plusieurs dossiers, un qui s'appelle "Meneurs d'OM", l'autre "Didier Deschamps, entraîneur entraînant" :

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Meneurs d'OM (1/5) : Raymond la science humaine

Spoiler: montrer
Premier volet de notre série sur les relations passionnées entre Marseille et les entraîneurs de l'OM avec Raymond Goethals, le coach préféré des supporters phocéens et pas uniquement pour son sens tactique et la Ligue des champions décrochée en 1993.

Mèche noire corbeau, Belga fumante et gouaille bruxelloise au coin des lèvres, Raymond Goethals n'a entraîné l'OM que vingt-deux mois, en trois épisodes entre 1991 et 1993. Pompier de service lorsque le patron Bernard Tapie se lassait de Franz Beckenbauer, Tomislav Ivic ou Jean Fernandez, Raymond la science reste à jamais l'homme qui a conduit l'Olympique de Marseille à la première victoire d'un club français en Coupe d'Europe, la plus belle, la Ligue des champions, en 1993.

La semaine dernière, il était encore plébiscité par les internautes de L'Équipe à la tête du onze idéal de l'histoire de l'OM. Mais tout autant que la coupe aux grandes oreilles et les deux titres de champion (1991 et 1992), c'est le personnage qui a marqué les Marseillais.

Après Gérard Gili (Champion de France 1989 et 1990, vainqueur de la Coupe de France 1989) et l'expérience Beckenbauer (septembre-décembre 1990), l'OM, leader de D1 avec quatre points d'avance, découvre le 2 janvier 1991 son troisième entraîneur de la saison, viré de Bordeaux en août. « Je connaissais ses résultats en Belgique (sélectionneur de la Belgique, troisième de l'Euro 1972, vainqueur de la Coupe des Coupes 1978 avec Anderlecht), assure Gilbert Deukmedjian ("Deuk"), fidèle du Vélodrome depuis 1972, et il nous avait embêtés avec ses Girondins. Je savais que c'était un bon, j'étais content. »

Déjà oubliés les chambrages du Belge qui minimisait les performances (Brondby, Athènes, Sofia) de l'OM en Coupe d'Europe : « Vous ne jouerez pas toutes les semaines contre le Crédit Agricole. » Du côté de la Vieille Garde, noyau des fondateurs du Commando Ultra 84, on ne semble pas lui en tenir rigueur : « Il n'avait pas le même vécu, la même aura que Beckenbauer. On le connaissait, sans plus. Mais on a été pragmatique : "OK, on va voir". » Goethals, 69 ans, débarque au stade Delort, à l'ombre du Vélodrome et lance l'opération séduction. Avec les joueurs d'abord. L'OM vient de tirer le grand Milan en quarts de finale de la C1. « Dans deux mois, vous jouerez comme Milan », assure-t-il à ses joueurs qu'un bon millier de supporters voient rire comme rarement depuis le début de saison.

Maître tacticien, il a déjà étudié les nuls des Belges de Malines et Bruges en Lombardie en 1990. À la fin de la séance, il entame un premier numéro de duettistes avec Tapie qui lui lance : « Vous nous avez bien emmerdés l'an dernier, mais j'ai fini par vous faire disjoncter ! » (Marseille avait remporté le titre avec deux points d'avance sur les Girondins, vainqueurs 3-0 à Lescure). Le tout accompagné d'une bonne bourrade dans le dos. Le Belge enchaîne : « On a fait exprès de vous laisser gagner, hein... »

Ses adversaires ? rebaptisés « Gullik » ou « Batsen ». Idem pour ses joueurs : « Omeleta », « Boszik », « Tzigana »...

Encore des sourires avant la séance d'autographes inopinée au terme d'une journée qui avait commencé sur une faute de goût : Goethals était arrivé avec un sac Line 7 époque Girondins pour sa première journée au service de Tapie, patron d'Adidas. Un côté Pierre Richard bien connu en Belgique, où il a déjà avalé un mégot en plein match à Saint-Trond avant de s'asseoir sur le banc soviétique un soir de Belgique-URSS ou de se perdre en forêt alors que ses joueurs faisaient un footing.

À Marseille, il fera rapidement plier de rire son vestiaire ou les journalistes en rebaptisant ses adversaires « Gullik » ou « Batsen ». Ses joueurs aussi : « Omeleta », « Boszik », « Tzigana »... Pour ceux qui jouent moins, c'est « Chose ». Laurent Fournier verra son patronyme évoluer avec son statut de « Chose » à « Fournier » puis « Lolo ». Goethals n'a appris la langue que phonétiquement et en joue pour mieux asseoir son originalité qui lui vaudra vite une marionnette dans le Bébête Show de TF1.

Il s'installe à l'hôtel Concorde Palm Beach sur la corniche. Pendant trois ans, il y est chez lui, dans sa suite - « Regarde, j'ai deux télés et deux W.-C. À quoi ça sert, je ne peux en utiliser qu'un seul à la fois » - comme dans les cuisines. La première saison, il y vit avec son adjoint Jean Fernandez qui lui achète ses cigarettes et le conduit chez le coiffeur et à l'entraînement. Entre deux belotes, il refait le match avec passion en griffonnant sur les nappes en papier, disposant la salière et la poivrière, le cendrier Cinzano ou la carafe Berger. « Il était très abordable, confirme "Deuk", et après les entraînements, si vous commenciez à parler foot avec lui, il ne s'arrêtait pas. Il aimait ce qu'il faisait, c'était pas un imposteur ! »

Jean-Pierre Bernès, bras droit de Tapie et chez qui Goethals venait dîner « trois, quatre fois par semaine à Cassis », prolonge : « Raymond ne jouait pas une pièce de théâtre. Il était nature, d'une grande simplicité. Il aimait les gens. On aurait dit qu'il était marseillais depuis des années. Pour moi, c'était un Belge marseillais. Marseille, c'est très dur. Et lui est arrivé là comme si de rien n'était. Aucune pression. »

Aucune promesse non plus lorsque Bernès lui a dit qu'il cherchait « un entraîneur pour gagner la C1 », lors du « premier contact, dans une petite chambre d'hôtel près de Carcassonne ». « Les forts en gueule qui veulent se mettre les supporters dans la poche à peine arrivés, comme par exemple Michel (entraîneur de l'OM d'août 2015 à avril 2016), on les voit arriver à des kilomètres, prévient-on à la Vieille Garde. On n'a jamais eu de relations très étroites avec lui, il était discret, mais sa réserve, sa pudeur, ça nous a plu aussi. Ce qui nous intéresse, ce sont les compétences, le travail, le respect de l'institution et des supporters. Si en plus, le type dégage quelque chose humainement, alors bingo ! Lui, c'était un personnage d'Audiard. »

« Je m'en vais au pays des fous, mais comme je suis aussi fou que les Marseillais, je serai en pays de connaissance », avait-il prévenu. En quelques jours, il séduit les joueurs, les journalistes et les supporters. Par ses connaissances du foot et son humour. Reste à faire vibrer le Vélodrome avec un OM qui vient, certes, de gagner 3-0 à domicile face à Metz, mais aussi de prendre une claque à Auxerre (0-4) et de concéder un 0-0 à Caen. Et, le 13 janvier 1991, Marseille étrille Lyon (7-0).

« Il observe les joueurs pendant une dizaine de jours à l'entraînement, en replace quelques-uns. [...] Il avait tout analysé, tout compris », rappelait Jean Fernandez en 2009 dans L'Équipe. Rebelote deux semaines plus tard face à Nantes (6-0). « Il se passe tout de suite quelque chose avec le public, il a mis de la joie dans les tribunes », se souvient Mario Albano, journaliste alors au quotidien le Provençal.

Mais sous ses dehors fantaisistes, dédramatisant les situations électriques et tempérant le côté volcanique de Tapie, le Belge transmet sa tranquillité aux joueurs sans transiger avec la rigueur. Ensemble, ils font déjouer le grand Milan de Sacchi en quarts de finale (*) avant d'échouer à Bari en finale face à l'Étoile Rouge de Belgrade (0-0, 5 tirs au but à 4). Certains supporters lui reprocheront de ne pas faire jouer Dragan Stojkovic de retour de blessure, mais il avait son équipe type et s'y tenait.

À la fin de la saison, il prend du recul. Il s'en amusera plus tard : « Tapie m'a dit : "Repose-toi. Je vais mettre un peu Ivic. "Moi j'avais mon contrat, mais je savais qu'il ne tiendrait pas. Parce que je connaissais la méthode Tapie, je savais qu'il aimait changer. C'était du bazar avec lui. » Il reprendra ainsi deux fois du service en cours de saison. « C'était un malin, sourit Albano. L'équipe était toujours transformée l'été, alors il fallait du temps pour la reconstruire, et lui héritait d'une équipe plus homogène. »

Il emmènera celle de 1993 au firmament de l'Europe, le 26 mai, à Munich, face à l'AC Milan (1-0) grâce à la tête de Basile Boli et à celle du « Vieux Coach » qui place Abedi Pelé face à Paolo Maldini. Son chef-d'oeuvre. Apaisé, veste froissée, cravate tire-bouchonnée, « Raymond était sur un nuage, se souvient Bernès. Il touchait le Graal. Il rentrait dans l'histoire ». Avant de quitter Marseille.

Six jours après sa disparition, le 6 décembre 2004 à 83 ans, l'hommage des supporters, qui ont renoncé à la grève prévue, est vibrant à l'image de cette minute de silence pour une fois respectée et ce tifo noir dans le virage nord représentant « le Belge » pour lui dire merci.


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Meneurs d'OM (2/5) : Gerets, plus belge la vie

Spoiler: montrer
Peu connu du public marseillais à son arrivée, en 2007, le technicien est devenu l'un des entraîneurs les plus aimés de l'histoire du club. Sans forcer, par sa simplicité, son charisme et son goût des autres.
Ce samedi après-midi de mai 2017, Éric Gerets s'ennuie sur la terrasse de l'hôtel Intercontinental, qui surplombe le Vieux-Port. Il doit donner le coup d'envoi d'OM-Nice (2-1), le lendemain. Le club lui a réservé une chambre de luxe pour quarante-huit heures. Son ami Didier Farrugia, préparateur physique de l'OM qu'il a ensuite embarqué dans toutes ses aventures, le rejoint. Farrugia, qui, un matin de l'automne 2013, avec le staff du club qatarien de Lekhwiya, découvrit Gerets inanimé sur son lit, victime d'une hémorragie cérébrale. Il s'en remettra, mais le Lion de Rekem décidera d'arrêter sa carrière d'entraîneur deux ans plus tard, privilégiant la santé au stress du banc.

Il ne reste qu'à profiter des plaisirs simples, une bonne glace, une bière pression, l'affection débordante des supporters de l'OM. La vie. Gerets et Farrugia descendent sur le Vieux-Port, se posent au café et le tourbillon commence. « On a pris notre glace, puis notre bière, mais on n'a jamais pu avoir dix minutes de conversation en continu, sourit Farrugia. Les gens s'asseyaient à côté d'Éric, lui faisaient la bise, lui parlaient de tout et de rien, prenaient des photos. Des jeunes, des anciens. »

Est-il touché par les déclarations d'amour ? Gerets est un meneur d'hommes, mais pas un expansif. Pour repérer les sentiments, il faut percer son regard. Alors responsable de la communication opérationnelle et du studio graphique de l'OM, Dorothée Rizzo a organisé ce retour au Vélodrome : « Pendant son passage au club, il était très poli, mais assez froid avec les salariés des autres secteurs de l'OM. Hors du cocon sportif, il mettait des barrières, il ne fallait pas le faire chier, en fait. Quand on l'a fait revenir pour un coup d'envoi, il était très ému. Mais il ne l'a pas dit. »

Farrugia a envoyé un texto pour remercier les organisateurs : « Il est très touché par l'incroyable ovation du stade. » Le préparateur physique constate : « On n'a pas gagné avec Éric. Et pourtant, il a été plus aimé que Didier Deschamps, qui a tout gagné ici (*). » Elle peut paraître étonnante, ingrate, illogique, cette affirmation est fondée, basée sur un lien invisible entre un entraîneur et un public exigeant, parfois capricieux et dont la fidélité ne se commande pas.

« J'ai plus vibré avec Gerets que lors de la saison du titre avec Deschamps, explique posément Guillaume Barthélémy, devenu un cadre des Yankees du virage nord. En 2008-2009, on était champions de France à tous les matches, lors des déplacements, il se passait toujours un truc, on est allés jusqu'en quarts de finale de Coupe UEFA (contre le Chakhtior Donetsk, 0-2, 1-2) et on chantait : "Faites nous rêver, faites le doublé." »

Barthélémy se souvient d'un moment rare, lors de ce même exercice : « Gerets, il a fait se lever le Vélodrome à l'unisson, les quatre tribunes, pas seulement les virages, j'en avais des frissons. Instantanément, tous scandaient son nom. En virage, on ne regarde jamais trop les matches, on se rappelle surtout des émotions. »

Émilie Peretti, figure des Marseille Trop Puissant (MTP), est à l'unisson : « Je l'adorais, avec ma copine du virage nord, on l'appelait "Chouchou". Pourquoi on accroche comme ça ? C'est dur à dire. Tu sais, ici, ça ne sert à rien de venir nous balancer : "J'ai de grands projets, je vais tout casser, blablabla." Non, quand tu sens un coach déter'comme Gerets, une force tranquille, qui ne fanfaronne pas et emporte l'adhésion de son équipe, ça suffit. Il était touchant. Il avait aussi de l'humour, avec son petit accent belge, les conférences de presse étaient souvent drôles. »

Un peu plus âgé, son camarade des MTP, Abdoul Kouyate, rappelle l'essentiel : « On jouait bien ! Avec Ben Arfa et Niang devant, ça envoyait ! La saison 2008-2009, c'était une épopée, on avait commencé par un nul spectaculaire et frustrant à Rennes (4-4), la sonnerie du multiplex de Canal, elle ne s'arrêtait jamais ce soir-là. La lutte avec les Girondins avait été folle. Je me souviens d'un déplacement à Nice, au mois de mai, on avait gagné 2-0 au Ray, on était en feu, jusqu'à ce que Bordeaux (futur champion) gagne à Valenciennes le soir-même, terminant à 11 contre 9 (2-1). À la fin de la saison, tu repasses tout dans ta tête, tu te remémores ce but refusé à Samassa au Mans (1-1), le doublé de Gignac avec Toulouse au Vélodrome (2-2)... Mais Gerets était lucide, il acceptait le résultat. »

Même les sifflets, après une défaite face à Nancy, à domicile, fin décembre 2008 (0-3), il les a vite enterrés. L'OM a terminé dauphin avec 77 unités. La phase retour est sublime : 14 victoires, dont celle au Parc des Princes avec Brandao provoquant la chute de Zenden dans un cube publicitaire (3-1), trois nuls, deux défaites, 34 buts marqués, 11 encaissés et 45 points glanés.

Dix-huit mois plus tôt, Gerets était arrivé en catimini, à 53 ans. En ce mois de septembre 2007, le vestiaire de l'OM est divisé, l'équipe d'Albert Emon a raté son début de saison, le président Pape Diouf travaille sur son remplacement. Le premier choix s'appelle Bruno Metsu, mais l'ancien sélectionneur du Sénégal, alors à la tête des Émirats arabes unis, s'avère inaccessible financièrement.

Diouf a une seconde piste, elle mène à un autre baroudeur, un technicien qu'il a croisé à Bruxelles lors de la précédente saison, alors qu'il entraînait Galatasaray. Accompagné de son bras droit, le secrétaire général Julien Fournier, il se déplace à Nice pour rencontrer Gerets au Palais de la Méditerranée, un hôtel toisant la promenade des Anglais. L'ascenseur les mène au sixième étage, sur le toit, et les deux dirigeants olympiens découvrent l'ancien défenseur redoutable et redouté de la Belgique.

« La discussion contractuelle est pliée en moins d'une demi-heure, confie Fournier, aujourd'hui à Nice. Gerets est convivial, chaleureux. Très sérieux sur le volet foot. Il n'est pas dictatorial, mais il sait ce qu'il veut. On perçoit une bonne autorité et une vraie chaleur humaine. Les supporters ont tout de suite senti ça. Son côté nature-peinture. Bien sûr, dès son premier match à Liverpool, il relance Mathieu (Valbuena), qui met une lunette. Cela a aidé ! Mais à Anfield, à la causerie de la mi-temps, tu voyais que les joueurs étaient aimantés. Il était pareil en conférence de presse, naturellement complice, jamais dans la manipulation. »

Le courant passe. Même avec le directeur sportif José Anigo, parfois dépeint comme un croquemitaine hantant les nuits des entraîneurs marseillais. « Éric et José ont noué une vraie complicité, relate Fournier. À l'OM, les dirigeants étaient dans le vestiaire avant, pendant, après la rencontre. Au départ, Éric ne le calculait pas trop, il était sans doute méfiant. Puis il a apprivoisé José, à la mi-temps des rencontres, ils se retrouvaient, Gerets lui demandait : "Qu'en penses-tu ?" Il l'écoutait. »

Anigo en garde un joli souvenir : « Le mariage a été rapide, ça a "matché" directement avec le club, l'équipe, les supporters. Il est devenu emblématique. Pour plein de raisons. Sa compétence d'abord, il était l'homme qu'il fallait à ce moment-là pour finaliser l'accomplissement d'une équipe comptant Cissé, Nasri, Niang... Puis par sa personnalité, son franc-parler, sa droiture, sa courtoisie, sa gentillesse. Il était un homme de parole, de consensus. Il avait un vécu, il n'est pas dans le jugement, n'écoute pas l'avis extérieur, se fait son avis après une longue observation. Et il ne cherchait jamais à blesser, il pouvait être dur dans les actes sportifs ou les mots pour recadrer tactiquement, mais jamais cassant. »

Gerets est arrivé sans un bruit, sans un adjoint. Il a vite adopté « le Cup'», Dominique Cuperly, un adjoint à l'ancienne, comme on n'en fait plus, rond et disponible. Mais aussi « Spino », Laurent Spinosi, le véhément entraîneur des gardiens. Il a promené son chien Georges, un grand danois, dans les allées de la Commanderie, paisible.

Il se mettait en rogne, parfois, tançant un Ben Arfa ne voulant pas entrer lors du Classique d'octobre 2008 au Vélodrome (2-4), s'attrapant avec Karim Ziani à l'issue d'une défaite en Coupe de France face à Carquefou, en mars 2008 (0-1).

À son arrivée, les ultras de l'OM ont regardé les images du match de Coupe de l'UEFA de mars 2001, entre le PSV Eindhoven coaché par Gerets et les Allemands de Kaiserslautern. Des supporters néerlandais, en colère, avaient tenté d'envahir la pelouse, Gerets s'était dressé face à eux, en avait ramené plusieurs en tribunes, sans se dégonfler.

Portée par des résultats plus adéquats, la fierté a commencé à se propager, à nouveau, et elle est contagieuse à Marseille. Gerets occupe la villa de Habib Beye, du côté de Fuveau, dans l'arrière-pays aixois, mais il n'est pas rare de le croiser dans la cité phocéenne, devant un plat de poissons chez Michel, du côté des Catalans, ou d'une pizza sur le Vieux-Port. Un cigare au bec, un verre de vin rouge à la main. « Un jour, nous avions été bloqués par la neige à la Commanderie, on avait sorti le saucisson, le pain et les bouteilles, Éric était heureux, sourit Didier Farrugia. On avait dormi sur les tables des kinés ! »

Le temps de l'insouciance, de l'harmonie, se fige au printemps 2009, quand Gerets, lassé d'attendre une proposition de prolongation de contrat, choisit de s'engager avec Al-Hilal, en Arabie saoudite. Plus tard, en 2013, le cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani, propriétaire de Lekhwiya et du Paris-SG, évoquera avec lui un poste lié au club de la capitale, et Gerets déclinera, par respect pour « ses » Marseillais.

À propos de son départ de l'OM, il dira à la presse belge : « Émotionnellement, ce fut très dur. J'ai vu tellement de gens les larmes aux yeux ! Je n'y ai peut-être pas fait oublier Raymond Goethals, mais j'ai la faiblesse de prétendre que j'y ai laissé le même impact que lui. J'ai été apprécié dans tous les clubs qui m'ont accueilli mais jamais autant qu'à Marseille. Et dire que les gens, là-bas, ne me connaissaient pas ! C'est dingue : ou on t'aime ou on ne t'aime pas. Si on ne t'aime pas, tu as intérêt à ne pas défaire toutes tes valises car tu peux repartir très vite. »

Peu de supporters lui en voudront, le public comptera surtout les points dans la guerre entre dirigeants en coulisses, le cas du Belge servant de prétexte à une révolution de palais. « C'est le dégoût, on a l'impression qu'il est une victime collatérale de querelles politiques entre Labrune et Diouf, souffle Guillaume Barthélémy, des Yankees. »« Un sketch très triste », pour Émilie Peretti des MTP, « mais bon, à Marseille, ça se finit rarement bien ». Seuls restent des fiches Panini jaunies et le goût des plaisirs simples.


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Meneurs d'OM (3/5) : Didier Deschamps, le crépuscule d'une idole

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Le sélectionneur a tout connu à l'OM, entre 2009 et 2012. Il a offert des trophées à des supporters en transe après dix-sept ans de disette, puis a été accablé par un Vélodrome frondeur lors de sa troisième et dernière saison.

La fin fut presque un soulagement. Didier Deschamps arrête le calvaire en juillet 2012, après avoir négocié son départ avec Margarita Louis-Dreyfus dans un palace parisien. Sa troisième année à la tête de l'OM a été éprouvante, il faut filer avant que sa pensée ne sombre du côté obscur, qu'il ne perçoive les titres accumulés comme de la confiture donnée aux cochons. Cette partie du club, du vestiaire, du stade, de la presse qu'il ne supporte plus, qui ne le supportent plus. Le 14 avril, déjà, juste après la finale de Coupe de la Ligue victorieuse face à Lyon (1-0), il a eu la célébration amère, revancharde : « Personne ne pourra me l'enlever (ce titre). Même mes pires ennemis... » Trois jours auparavant, à l'occasion d'OM-Montpellier (1-3), les groupes de supporters avaient signifié leur colère par une grève des encouragements. Une énième péripétie, un nouvel échelon dans le désamour.

Les crises, « DD » connaît, elles sont les marqueurs de la vie olympienne. Il débarque en juin 2009 dans un OM brûlant. Les dirigeants du club ont sorti les fleurets, le président du conseil de surveillance, Vincent Labrune, veut le scalp et le costard du président du directoire, Pape Diouf (décédé mardi soir du Covid-19). Après avoir dit qu'il se placerait dans les valises de Diouf, le directeur sportif, José Anigo, se rétracte, agacé de voir Diouf négocier sa sortie en solo dans la demeure suisse de Robert Louis-Dreyfus, le propriétaire rongé par la maladie. Deschamps, embauché par Diouf, se demande un temps ce qu'il vient faire dans cette galère. Celui-ci congédié, DD s'engage quand même, rassuré par les promesses d'un mercato ambitieux et les voeux de stabilité du nouveau président, Jean-Claude Dassier.

Ses deux années loin des bancs de touche sont effacées (il avait quitté la Juventus en 2007), il obtient le totem d'immunité, lui, le capitaine de la glorieuse équipe championne d'Europe en 1993. Les mythes sont rassurants lors des périodes troublées. Dassier n'est pas du sérail, Anigo se place en retrait, « RLD » décède alors que l'équipe entame son premier stage de préparation à Évian (Haute-Savoie), le 4 juillet. Deschamps est le visage du nouvel OM. Christian Cataldo, patron des Dodgers du virage nord, confie avant la reprise : « Didier est le parrain de notre groupe depuis sa création en 1992, on le connait bien, et lui connaît les Marseillais. C'est le meilleur choix possible. Marseille a mis toutes les chances de son côté. »

Trophées et liesse populaire

Le Vélodrome est bondé pour la réception du champion en titre, Bordeaux, le 30 août (0-0, puis pour celle de l'AC Milan en Ligue des champions (1-2), le 15 septembre. À l'occasion de la rénovation du stade en vue de la Coupe du monde 1998, qui ne prévoyait pas de toit, le maire Jean-Claude Gaudin avait tonné : « À Marseille, il ne pleut jamais. » Ce soir-là, des trombes d'eau s'abattent sur les virages, les ultras sont trempés jusqu'à l'os, mais ils ne cesseront jamais de chanter. Les retrouvailles avec les Rossoneri, seize ans après Munich, cela n'a pas de prix. Pippo Inzaghi, d'un doublé, ajoutera des larmes aux averses, mais Deschamps commence à imprimer son style. Sur les grands rendez-vous, son équipe n'étale aucun complexe, elle domine les Classiques aller et retour (1-0, 3-0), offre la rencontre la plus spectaculaire de la décennie à Lyon (5-5, le 8 novembre).

Il y a des matches pénibles au Vélodrome à l'automne, comme la victoire face à Boulogne (2-0) dans une enceinte balayée par un vent d'est glacial, des défaites incongrues à Valenciennes (2-3) ou à Lens (0-1), mais le roc Deschamps inspire la confiance. Début octobre 2009, après un succès de Monaco à Marseille (1-2), un micro-trottoir pour Aujourd'hui en France raconte cet état de grâce. « Je suis déçu par rapport aux sommes dépensées au mercato, explique ainsi Gaël Kermounier, chauffagiste. Les joueurs doivent être plus attentifs. C'est vrai qu'un autre entraîneur aurait déjà eu quelques soucis. Mais Deschamps, il est bon, il est allé en finale de Ligue des champions avec Monaco, il a battu le Real, il faut imaginer cela quand même ! Laissons-lui six mois ! Bon, six mois, c'est long, mais avec Gerets (sept. 2007-2009), l'OM se réveillait toujours en janvier. »

Les supporters croient en Deschamps. Et il leur rend bien. Après une première partie de saison correcte, sans plus, il demande à son vestiaire de se remettre en question, entre hommes fiers, à la suite d'une défaite à Montpellier fin janvier 2010 (0-2). Lui aussi s'amende, il replace Mbia en défense centrale, relance les bannis Valbuena et Ben Arfa, finit par privilégier Kaboré à Cheyrou. Son OM devient un rouleau compresseur : après la Mosson, ils ne perdront pas pendant quatre mois, enchaîneront sept victoires d'affilée au printemps, étrilleront Rennes pour s'offrir la couronne du roi de France (3-1, 36e journée). Ce 5 mai 2010, le Vélodrome est en folie. Les jeunes de 20 ans bien trop petits pour se rappeler Munich, les ados qui étaient encore loin du ventre de leur maman le 26 mai 1993, les anciens qui ne pensaient jamais revivre ça après tant d'années maudites... tous sont parcourus du grand frisson.

Alain Pécheral, ancien journaliste du Provençal et de L'Équipe, historien de l'OM, souffle : « Gerets, Bielsa, Villas-Boas... De tous les entraîneurs récents que tu m'as cités, il est le seul qui a gagné quelque chose. Deschamps, c'est un phénomène assez extraordinaire : partout où il passe, il gagne. Il rejoint un OM en pleine effervescence, un bordel complet, Louis-Dreyfus meurt, Diouf part, et il est champion direct. Et il remporte la Coupe de la Ligue. Alors OK, ce n'est pas le trophée du siècle, mais... » Mais des dizaines de milliers de Marseillais descendent dans la rue, ce dimanche 28 mars 2010, après une finale remportée face à Bordeaux (3-1). Et rebelote le 16 mai, quand Deschamps présente l'Hexagoal à la foule, depuis le balcon de la mairie. Après des échanges fumigènes-lacrymogènes entre des jeunes en transe et les forces de l'ordre, il restera bloqué une bonne heure sur le plateau de Stade 2, installé en plein air, place Bargemon.

DD devine-t-il déjà les ravages de cette ferveur marseillaise, le moment où elle peut basculer, blesser jusqu'aux idoles du passé ? Le soir d'OM-Rennes, Valbuena flingue au champagne les ordinateurs des suiveurs en salle de presse, Labrune complote au bar du salon VIP, Diawara trouve que le Get 27 relève plus du sirop que de la liqueur, au Mistral d'Aix-en-Provence, Heinze danse jusqu'à l'aube sur Volare des Gipsy Kings. Deschamps profite en famille, mais il a eu cette phrase après la rencontre : « Le plus dur commence maintenant. »

Perfectionniste, tout en contrôle, il se sait protégé par ses résultats, connaît la position précaire d'un entraîneur. Sa seule entreprise de séduction est la victoire. En mars 2010, au moment d'aller fêter à Paris celle en Coupe de la Ligue, sa femme découvre qu'Éric Gerets se trouve dans le bus du club. Flottement intense. Dans l'histoire contemporaine, deux femmes ont tenu un rôle primordial sans apparaître à l'écran : madame Columbo et madame Deschamps.

Avec Anigo, le feuilleton ne sera jamais saupoudré de légèreté. Après le titre, le directeur sportif dit dans le JDD : « À Marseille, le foot est une religion et Deschamps est son dieu aujourd'hui. Derrière son nom, tu rajoutes le mot "respect" et basta. » Anigo est devenu le rival de Deschamps car il n'accepte pas la présence de l'agent Jean-Pierre Bernès dans l'ombre du coach. Deux clans vont se former au club, chacun va finir par raisonner en pro et en anti. Pas de gris, pas de juste milieu. Pour DD, dans le camp d'Anigo, il y a un certain Rachid Zeroual, leader des South Winners, un groupe rassemblant alors 5 500 membres. Il le croise parfois avec Anigo au Manureva, un restaurant à deux pas de la Commanderie.

Le 28 mars 2012, un OM qui n'en finit plus de perdre en L1 accueille le Bayern, en quarts de finale de Ligue des champions (0-2). Les Winners décrètent une grève des encouragements et affichent une banderole en haut du virage sud : « Deschamps et tes joueurs, cassez-vous. » L'atmosphère est lunaire, quelques supporters voulant pousser l'équipe se font même injurier, secouer. Les autres groupes, comme les Dodgers de Cataldo, n'osent pas s'opposer au fondateur des Winners. « Et ceux qui mettent ces banderoles, c'est le groupe de Zeroual, c'est ça ? Incroyable, non ? » demandera Bernès à Deschamps. « Et ouais mais bon, tu parles, c'est... Zeroual, c'est le chauve hein ! », répondra l'entraîneur. Président, Labrune fuit ces problèmes et se dit impuissant.

Après avoir longtemps prétexté des messages de Gignac et Cheyrou lui intimant de diffamer leur coach, Zeroual racontera en juin 2018, dans un Pièces à conviction consacré à l'OM (France 3) : « Deschamps allait se débarrasser de moi. Il s'est même vanté de mettre Sarkozy à mon encontre, parce que j'avais un procès qui traînait, il allait me faire gicler du stade. Je n'allais pas laisser un petit nabot, un petit napoléonien, crier haut et fort qu'il allait me faire couper la tête par des gens dans ma propre ville. Il était parti dans un restaurant, j'y suis allé. [...] Quand j'ai vu que c'était la vérité, qu'il bégayait, je lui ai donné un conseil : c'était de partir de l'OM, que s'il m'arrivait quelque chose, derrière, il suivait. Il est parti de l'OM. Je l'ai fait trembler de tout son corps, je lui ai dit que je lui décapsulerais la tête de ses épaules. » Zeroual enjolive, exagère, réécrit l'histoire. Il est avant tout un politique, qui sait sentir le vent tourner, et s'avère aujourd'hui très proche de Jacques-Henri Eyraud après avoir été intime de Labrune. Deschamps n'a pas quitté l'OM à cause de lui. Mais Zeroual symbolisait ces forces incontrôlables, cet environnement olympien si fluctuant, cette ville parfois déraisonnable.

Sélectionneur, Deschamps reviendra trois fois à Marseille avec les Bleus, il sera applaudi par un public respectueux. Il gardera un regret éternel, exprimé en décembre 2018 : « Faire la grève pour un quart de finale de Ligue des champions au Vélodrome, face au Bayern... J'espère qu'ils en connaîtront un autre rapidement. Qu'est-ce-qui peut justifier ça ? Rien ! Tu peux gueuler avant, ou après. Mais pour le joueur ou le club, comment c'est possible ? Même les Allemands n'en revenaient pas. C'est Marseille, tout est possible dans le très bien, comme dans le très mal. Cela ne m'a pas blessé, mais c'est tellement irrationnel que je peux pas la comprendre... »


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Meneurs d'OM (4/5) : Marcelo Bielsa, le feu et la glacière

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Avec sa personnalité à part et un football spectaculaire, l'entraîneur argentin a mis le Vélodrome dans sa poche, même s'il a fini la saison à une décevante quatrième place.

C'est difficile à croire, quand on connaît la suite, mais la première fois que Marcelo Bielsa a vu les supporters de l'OM, ils n'étaient que colère, sifflets et insultes. Ce 4 avril 2014, l'Argentin prend place dans les tribunes du stade Vélodrome pour superviser sa future équipe. Il n'a pas encore signé de contrat, mais les discussions avec Vincent Labrune sont assez avancées pour qu'il s'intéresse de près à l'effectif et il assiste, donc, à OM-Ajaccio, 32e journée d'un Championnat interminable pour les Marseillais.

Ils sont sixièmes à douze points du podium, n'ont plus rien à espérer mais beaucoup de frustration à évacuer, et ils attendent que changent le décor et les hommes : Élie Baup a été remercié en décembre, après une campagne terrible de Ligue des champions (0 point en 6 matches), José Anigo l'a remplacé sur le banc et tous les fantasmes mènent à Bielsa, dont le nom circule en ce début de printemps.

L'intéressé entretient le suspense : en toute discrétion, mais repéré quand même, il assiste au match contre Ajaccio puis, la semaine suivante, il prend place à la Mosson, toujours entouré de Manuel Amoros et Diego Reyes, qui sera l'un de ses adjoints. Chaque jour qui passe voit l'hypothèse enfler de son arrivée à la tête de l'OM, et la rumeur a enflammé les supporters comme le vent sur les braises.

« Il faut se souvenir de l'époque, rappelle Matthieu Franceschi, alors l'un des responsables des Winners, dans le virage sud. Le stade était vide, il y avait une fronde contre José Anigo. On était au fond du trou à tous les niveaux, sportivement et dans l'ambiance. Le seul point positif du moment, c'était la possible arrivée de Bielsa. On ne le connaissait pas tellement, mais c'est un Argentin et, à Marseille, tout ce qui touche à l'Argentine relève du fantasme. »

Lancé dans d'interminables discussions avec l'entraîneur, Vincent Labrune ne s'y est pas trompé. Aujourd'hui, il résume le projet : « Le PSG avait Ibra, sa mégastar. Nous, on n'avait pas les moyens d'attirer des joueurs de ce calibre. L'idée, c'était de faire de Bielsa la star, le dieu du stade. Le Vélodrome est une arène et lui, un personnage totalement adapté à la culture locale, presque mystique. »

C'est un défi pas si facile, parce que l'Argentin est obsédé par les détails et ses exigences, listées dans un contrat épais comme un annuaire, vont donner des maux de tête au président. Mais le coup est parfait, et la mayonnaise monte à une vitesse folle. Début mai, la signature de Bielsa est officialisée. Le lendemain, l'OM reçoit Lyon au Vélodrome et, tout l'après-midi, Franceschi et les Winners s'activent dans le parc Chanot, juste à côté du stade, occupés à fabriquer un tifo pour Bielsa, le premier d'une longue série. Il est déployé le soir-même, un immense drapeau argentin et un message comme une incantation : « El Loco, haznos soñar ! » (fais nous rêver.) D'un groupe de supporters à l'autre, l'excitation est la même et la certitude ancrée au coeur : avec le « Loco », on ne s'ennuierait plus.

L'idylle est en marche, et on pardonne tout à Bielsa. Il n'est pas présent le jour de la reprise, en juin, retenu en Argentine par des « raisons personnelles » ? Peu importe, quand il arrive, quatre jours plus tard, ils sont plus d'une centaine à lui assurer un accueil chaleureux devant les grilles de la Commanderie, toujours à l'initiative des Winners. En survêtement, évidemment, Bielsa fait quelques mètres pour les saluer de plus près, comme une rockstar face à un parterre de fans. Le Championnat n'a pas commencé et ils sont tous conquis, déjà, eux qui ont forcément lu, dans les portraits dressés par les médias, cette phrase de l'entraîneur, reprise partout : « Qu'est-ce qui est indispensable dans le football ? Ni les entraîneurs, ni les médias, ni les dirigeants, ni les arbitres, ni les spectateurs. La seule chose indispensable, ce sont les supporters. »

Parce que Bielsa sait y faire, aussi, pour soigner sa cote de popularité, pour nourrir ce personnage à part, mystérieux et revêche, aussi méfiant qu'un chat sauvage, obsédé par le football et un peu décalé du monde. À Saint-Cyr-sur-Mer, où il s'est installé, il apparaît de temps en temps, à débriefer un match sur son ordinateur attablé au McDo, ou à acheter son pain à la boulangerie, toujours vêtu du survêtement bleu du club. Il mène une vie solitaire, seulement tournée vers son travail et, chez lui, tout fascine.

D'autant que la saison a débuté. Après un départ laborieux, nul à Bastia, défaite contre Montpellier, la méthode Bielsa commence à porter ses fruits. Les résultats viennent, la manière avec : des occasions à la pelle, des joueurs qui courent en permanence et attaquent pendant tout le match, des progrès individuels fulgurants, des buts et des points.

« D'une saison à l'autre, on est passé de rien à tout et on est partis au quart de tour, sourit Matthieu Franceschi. Il avait tout pour plaire aux ultras : il gagnait les matches, il allumait les journalistes et, un mois après le début de la saison, il défonçait déjà son président. » Au-delà des étincelles sur le terrain, le premier fait marquant du Loco à l'OM est bien là : une conférence de presse en forme de réquisitoire, à peine le mercato terminé, où il tire à boulets rouges sur sa direction. « Le président m'a fait des promesses qu'il savait intenables », regrette-t-il, expliquant que « aucun joueur n'est arrivé à (son) initiative ».

Deux jours plus tôt, L'Équipe faisait sa une sur le mercato réussi du club phocéen, le plaçant comme le rival le plus dangereux du PSG : en même temps que le parapluie, Bielsa avait sorti la sulfateuse. Mais puisque les tribunes s'accordaient pour détester Labrune, l'entraîneur en sortait grandi.

L'automne arrive et le spectacle se perfectionne, 3-0 contre Rennes, 5-0 à Reims. Les joueurs découvrent des méthodes nouvelles, racontent en privé les nombreuses séances vidéo individuelles, les entraînements de plusieurs heures où on révise les gammes, les consignes pointues. Le coach reste fidèle à sa ligne, un café par mi-temps, assis sur la glacière, des conférences de presse d'un ton placide et regard vers le sol, tout en espagnol, traduit par le fidèle interprète à casquette, Fabrice Olszewski. Celui-ci n'est pas vraiment linguiste de profession, mais Bielsa préfère cela : il veut que chaque mot soit traduit à la lettre, quitte à autoriser quelques lourdeurs dans l'expression. Le personnage est atypique, donc, mais le football à la hauteur et l'élan complètement revenu, aux abords du stade. « Les six premiers mois de la saison, c'était l'euphorie, raconte Franceschi. Il y avait le jeu, mais c'était plus que ça. C'est une histoire de passion. Quelque chose s'est passé, les gens étaient heureux de venir au stade, les bars étaient pleins, ça chantait. Ça m'a rappelé les années Gerets. »

Le Vélodrome vrombit comme à ses plus beaux soirs. À la fin des matches aller, l'OM est leader du Championnat avec 41 points, devant Lyon et le PSG, et il se remet à rêver du titre. Bielsa est une idole, qui ne manque pas de remercier les foules, régulièrement. « Une des choses qui m'impressionne le plus, dans ce club, c'est son stade et ses supporters, dira-t-il, par exemple, en février. Je n'aime pas la démagogie, mais ce qui se passe au Vélodrome, cela se passe dans très peu d'autres stades au monde. »

La fièvre ne descend pas, d'un bout à l'autre des matches, mais elle ne suffit pas à tenir la cadence. Fatigués et usés mentalement par les exigences du coach, les joueurs commencent à fléchir. Les adversaires, eux, lisent mieux les déséquilibres de l'équipe à la perte du ballon, et l'OM encaisse des buts. L'hiver est dur, Marseille enchaîne trois nuls et une défaite en février, il se retrouve troisième. Puis quatre défaites en avril, et glisse à la quatrième place, où il finira.

À la reprise, en janvier, les doutes s'éveillent quant à l'efficacité de la méthode Bielsa sur le long terme, devant l'absence de plan B aussi. Et les bruits arrivent d'un possible départ de l'Argentin, qui doit renégocier son contrat avec la direction. Pour les supporters, impossible d'imaginer un scénario pareil : Bielsa doit rester. Dès le 15 mars, lors d'un match contre Lyon, la banderole « Bielsa no se va ! » (Bielsa ne part pas !) est affichée dans le virage sud, à l'initiative de la Vieille Garde, groupe historique. Elle sera ressortie à chaque match, avec les chants qui vont avec.

Et au soir de la première journée, la démission !

« Quand on a lancé ce mouvement, il ne s'en est jamais servi pour mettre de la pression sur sa direction, ou nous passer de la pommade, ce qu'on a apprécié, témoigne un membre de la Vieille Garde. On a tenu lui écrire un courrier et il nous a répondu qu'il serait ravi de nous recevoir. On est donc allé à une dizaine à la Commanderie, on a discuté pendant une heure du foot, du jeu, de lui. On l'a encore mieux compris. »

Tous ne l'ont pas compris, en revanche, quand il a démissionné à la surprise générale, au soir de la première journée de Ligue 1, le 8 août 2015. Juste après le match, une défaite contre Caen, il fait parvenir sa lettre de démission à Labrune avant de se présenter devant la presse pour annoncer la nouvelle. « On était encore dans le virage en train de débâcher, cela a été un sacré choc », se souvient Franceschi.

Trois jours plus tôt, Bielsa a découvert que son salaire avait été revu à la baisse, et il n'a pas accepté. Chez les supporters, beaucoup en veulent aux dirigeants, certains aussi à l'Argentin, mais ils sont minoritaires. Quelques mois plus tard, Matthieu Franceschi se rendra même en Argentine et passera par Rosario, où il finira par rencontrer le maître. Comme avec les membres de la Vieille Garde rencontrés quelques mois plus tôt au centre d'entraînement, il pose une condition : que le contenu de la discussion reste secret. Une paranoïa qui entretient la légende, évidemment.

« C'est très dur de gagner sa confiance, mais si tu la gagnes, il est fidèle, explique Labrune, resté en bons termes avec son ex-entraîneur. Avec lui, le monde est binaire : soit tu es avec lui, soit contre lui. Si, après son analyse poussée, après ses questions, après son observation, il te considère comme avec lui, c'est bon. Il est très particulier et très surprenant. »

Et il laisse une trace partout où il passe, une parenthèse nostalgique où foisonnent les émotions fortes et le goût des regrets. « Si vous prenez tous les supporters et vous leur demandez quelle saison ils voudraient revivre depuis le titre de 2010, tout le monde resigne pour la saison de Bielsa, même si on a fini quatrième », assure Franceschi. Les chiffres confirment : sur cette saison 2014-2015, la moyenne de spectateurs à domicile a dépassé les 53 000, pour un total de plus d'un million, en cumulé, sur les 19 journées. Le record tient toujours.


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Meneurs d'OM (5/5) : André Villas-Boas, des paroles et des actes

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À l'aise dans la communication, transparent et sans langue de bois, le Portugais a su fédérer l'OM derrière lui cette saison, et le faire gagner.

Alors que le soleil décline sur Washington, la température ne faiblit pas et l'air est encore très chaud quand André Villas-Boas arrive à l'Audi Field, polo blanc impeccable et sourire aux lèvres. En cette fin juillet 2019, les Marseillais sont en stage dans la capitale des États-Unis et lui doit rencontrer des supporters venus de tout le pays, de la Floride à la côte ouest : c'est la soirée « OM Nation », le rendez-vous obligé qu'il honore avec l'aisance d'un poisson dans l'eau, malgré les traits un peu tirés par la fatigue. L'heure tourne, le Portugais enchaîne les photos avec les écharpes qu'on lui tend et quand, la nuit venue, il quitte les lieux pour rentrer à l'hôtel, le charme a opéré, déjà. « Je n'aurais jamais pensé qu'il serait aussi abordable et sympathique », souffle un fan venu de Miami, en faisant défiler les photos sur son smartphone.

Aussi abordable, c'est vrai, personne ne l'aurait imaginé, deux mois et demi plus tôt, quand l'intérêt de l'OM pour le profil du Portugais (41 ans) avait filtré auprès de certains agents. « C'est impossible, il est bien trop cher pour Marseille », répondait la majorité des sondés, souvent incrédules, en tout cas intrigués. Cinq ans plus tôt, déjà, Vincent Labrune avait tenté d'attirer « AVB » au club, sans succès : il avait vite buté sur les discussions salariales. Mais les années sont passées, les hommes ont changé, les exigences aussi. Guidé par sa relation de confiance avec Andoni Zubizarreta, le directeur sportif qu'il tient en haute estime, et motivé par l'envie de retrouver un banc de touche en Europe, le Portugais s'est laissé séduire par le projet marseillais.

Rencontrés à Monaco, à la fin du mois de mai, ses dirigeants l'ont prévenu : l'OM n'a pas de gros moyens, pour ce mercato qui arrive, où la priorité est à l'allègement de la masse salariale. Mais Villas-Boas ne se formalise pas, lui dont la carrière a connu des hauts, très vite, puis quelques bas, ensuite. Vainqueur de la Ligue Europa en 2011 avec le FC Porto, il a connu la Premier League (Chelsea, Tottenham), ensuite, puis des destinations moins prisées, la Russie (Zénith Saint-Pétersbourg) et la Chine (Shanghai SIPG). Marseille le replace au centre de la carte.

En juillet, le premier stage de présaison emmène l'OM en Angleterre. Le groupe sort d'une saison compliquée, conclue par une cinquième place et un départ de Rudi Garcia, dans un vestiaire craquelé où chacun, ou presque, a navigué loin de son niveau. Dans une interview où il expose l'austérité nouvelle qui va présider à la politique du club, le président Jacques-Henri Eyraud fixe un objectif à moyen terme, se refusant à pointer le podium dès cette saison : « Être cinquième n'a jamais été notre ambition. Il faut que l'OM arrive souvent sur le podium, puisse avoir sa chance en Ligue des champions. Cela prendra du temps. Cela ne se fera pas en deux ou trois ans. »

Dix jours plus tard, alors que la préparation l'a conduit, avec son groupe, aux États-Unis, AVB aussi se fixe un cap, très clair : « L'objectif, c'est le podium. C'est l'objectif que je me suis fixé. » L'ambition est assumée, et le discours volontariste trouve vite un écho dans le vestiaire. Chez les supporters, on est davantage dubitatif. « Quand Villas-Boas est arrivé, je me disais que c'était encore une solution bling-bling que nous sortait "JHE", se souvient Samir, abonné depuis vingt ans dans le virage nord. Sa carrière semblait déclinante. Et son discours, viser le podium, me semblait un peu fantaisiste. On sortait de deux ans et demi avec un coach qui nous prenait pour des imbéciles, on n'avait pas envie de revivre ça. En fait, c'est quand on l'a entendu en conférence de presse qu'il a commencé à nous retourner. »

Avant même que la saison ne débute, AVB manie sa première arme, avec une maîtrise déjà irréprochable de la langue française : la communication. Toujours avenant, loquace, souriant, il n'élude aucun sujet et, surtout, partage le fond de sa pensée avec une transparence qui détonne. Le stage aux États-Unis pour les EA Ligue 1 Games, organisés par la LFP ? « Je veux que ce soit vite fini, parce que les conditions ne sont pas bonnes, avec la chaleur. J'ai hâte qu'on rentre à Marseille. » Le mercato estival, où les espoirs sont vifs d'une recrue qui viendrait renforcer un effectif court ? « Je l'ai déjà dit, mais ça n'entre pas dans la tête des gens : on n'a pas d'argent. » Le rôle de Dimitri Payet, que le Portugais semble vouloir aligner à gauche, là où la majorité le préfère dans l'axe ? « Non, je ne mettrai pas Payet en numéro 10. »

Courtois, cultivé et bien élevé, AVB présente parfaitement mais il est loin d'être lisse, quand il prend la parole. « Il parle franco, sans calculer, apprécie Matthieu Franceschi, ex-responsable des Winners. Il arrive après Garcia, et Garcia, ce n'était plus possible : le pire, ce n'était pas ses résultats, c'était son discours. Villas-Boas, lui, ne se trouve pas d'excuses. Quand il n'est pas bon, il dit qu'il n'est pas bon. »

Il défend Amavi face aux sifflets

Début août, avant le début du Championnat, le Portugais rencontre les groupes de supporters, et le courant passe. Il est accessible, franc, clair, évoque son amour pour le FC Porto et son ambition, à moyen terme, d'en devenir le président. Il répète qu'il veut finir parmi les trois premiers de la Ligue 1 : « Si nous n'y arrivons pas, ce sera mon échec. » Moins d'une semaine plus tard, face à Reims, il découvre la ferveur d'un Vélodrome bien rempli et curieux de la suite. L'OM perd (0-2), mais le vestiaire ne tangue pas, confiant dans ses qualités comme dans les mots du coach, qui tranchent forcément avec ceux de Garcia. Lui n'est pas dupe : si sa cote est au zénith, c'est aussi parce que celle de son prédécesseur était au plus bas. « Moi aussi, j'ai déjà été celui qui s'est fait virer, sourit-il, en octobre. Le nouvel entraîneur, c'est toujours la fraîcheur. L'ancien, c'est celui qui a fait des erreurs. »

Surfer sur la vague d'un nouvel élan, cela fait partie du métier, et le Portugais ne doit qu'à lui-même le virage réussi de l'intersaison. Il a écouté les joueurs, a su leur parler et les fédérer. Pédagogue, souvent, mais capable de coups de gueule mémorables, aussi, il maintient le cap au cours d'une entame de Championnat moyenne, où la blessure de Florian Thauvin et la suspension de Payet, en septembre, plombent une animation offensive déjà pas flamboyante.

Après un mercato estival en mode dégraissage, il sait les ressources très limitées et veille à ne perdre personne. Quitte à pourfendre l'attitude des virages après les sifflets contre Jordan Amavi, lors du match nul contre Rennes (1-1, le 29 septembre) : « Je n'ai pas apprécié les sifflets pour Amavi. Je ne comprends pas. Quand tu siffles un de tes joueurs, tu tues ta propre équipe. C'est intolérable. Tu peux siffler un collectif, pas une individualité. »

Le Portugais sait que, tôt ou tard, il aura besoin de son latéral et cette prise de position n'est pas qu'une posture. En privé, aussi, il dialogue avec le joueur et lui assure : « Je compte sur toi. » Les mois qui suivent, témoins d'un Amavi retrouvé, lui donneront raison. « En termes d'état d'esprit, de management, on ne peut rien reprocher à Villas-Boas, il a tout réussi, poursuit Samir, du virage nord. Amavi n'était pas au niveau de la L2, et là, il est devenu plus que correct. Pareil pour Caleta-Car, passé d'un défenseur très moyen à un joueur bankable. Et puis, il y a sans doute un peu de démagogie chez lui, mais on sent qu'il s'intéresse à Marseille. Garcia, dès qu'il le pouvait, il partait en Italie. Villas-Boas, lui, veut découvrir la région. Avec les photos qu'il poste sur les réseaux, il pourrait presque travailler à l'office de tourisme. »

Il y eut des passages moins sereins, pourtant, comme en cette fin octobre, où les Marseillais, naïfs et dépassés, se font humilier au Parc des Princes (4-0). « Ce n'est pas un match qui compte trop pour moi », avait dit le Portugais, quelques jours plus tôt et, forcément, ce discours n'est pas bien passé, à Marseille. Et quand la débâcle a suivi les mots, dans un match joué à l'envers, sans agressivité ni cohérence, les oreilles d'AVB ont sifflé. Dans la foulée, l'OM est éliminé de la Coupe de la Ligue à Monaco (1-2 en 16es de finale), enchaînant deux défaites pour la première fois de la saison. La pression est lourde pour le coach qui avait annoncé, avant le Classique, que les deux rendez-vous importants se disputeraient contre Lille puis Lyon, juste derrière.

Le 2 novembre, l'équipe gagne face au LOSC (2-1) le match à ne pas perdre, un soir où AVB fait le choix courageux de sortir Strootman de son onze de départ pour placer Kamara au milieu. L'OM n'est pas brillant mais fort en caractère, la marque d'un groupe déterminé à avancer ensemble, encore plus contre l'OL de Rudi Garcia (2-1), qui se présente au Vélodrome une semaine plus tard. Au coeur d'une conférence de presse qu'il avait visiblement préparée, Payet, invité à comparer le nouvel entraîneur et l'ancien, résumera l'état d'esprit d'une bonne partie du vestiaire : « La différence la plus flagrante, c'est qu'aujourd'hui on a un coach qui parle avec son coeur, qui dit les choses, qui n'essaye pas de faire de la langue de bois. » Face à Lyon, le Réunionnais marque un doublé, et l'OM gagne.

La cote de popularité du Portugais va continuer d'enfler, au cours d'une série de quatorze matches sans défaite en L1 entre novembre et février, qui installera solidement l'équipe à la deuxième place. Face à Angers (0-0), en janvier, les Winners lui offrent un premier tifo à son nom, lui ne se départ pas de son naturel : « Je n'ai pas vu, je regardais de l'autre côté, mais je les remercie. »

AVB le sait bien : dans son métier, l'équilibre est fragile et le crédit peut s'épuiser très vite. « J'ai été surpris, en bien, par ce stade et cette ferveur, explique-t-il aujourd'hui. La pression est constante : dans un club de passion comme l'OM, quand les choses vont bien, tout va très bien, quand les choses vont mal, tout va très mal. J'ai été très bien reçu, mais je pense que ce qu'apprécient les supporters, c'est qu'on respecte leurs valeurs. On mouille le maillot, on a le courage, l'intensité, l'envie de se transcender. Le mérite revient aux joueurs, parce que le groupe a peu changé mais chacun s'est transfiguré, individuellement. »

La machine était lancée vers une qualification en Ligue des champions, le coronavirus l'a stoppée net. Déjà incertain avant la crise sanitaire, l'avenir est encore flou : AVB restera-t-il, alors que les moyens s'annoncent encore plus limités, l'été prochain ? À Marseille, ils sont nombreux à l'espérer.
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Kenshi
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar Kenshi » 20 Avr 2020, 14:25

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Didier Deschamps entraîneur entraînant (1/4) ? Ses influences, ses maîtres à penser

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Entraîneur depuis 2001, sélectionneur des Bleus depuis 2012, champion du monde en 2018, Didier Deschamps a connu, joueur, toutes sortes d'influences, de l'école nantaise au pragmatisme d'Aimé Jacquet, mais il a été surtout marqué par ses années italiennes.

L'image a environ trente-cinq ans et probablement n'a-t-elle n'a jamais vraiment quitté Didier Deschamps, tant elle s'est répétée durant ses années nantaises : lui, adolescent accoudé à la fenêtre de sa chambre et, en contrebas avec ses chiens, Jean-Claude Suaudeau qui en finit avec un footing et vient, pendant près d'une heure parfois, deviser avec son jeune milieu de terrain de tout, c'est-à-dire de football. Que reste-t-il de leurs discussions tactiques autour du mouvement, des appels et contre-appels ?

Une influence, évidente, mais qui se heurte aussi à la nature, la personnalité, du sélectionneur des Bleus. Car avant la Jonelière, où il est arrivé en 1983 avec Raynald Denoueix et donc Jean-Claude Suaudeau comme entraîneurs, avant la Juventus Turin de Marcello Lippi ou avant les Bleus d'Aimé Jacquet, sa vie a débuté à Bidart, dans un Pays basque qui a façonné, selon le Palois Édouard Cissé, la mentalité du sélectionneur de l'équipe de France : « Didier, c'est un vrai Basque, c'est le boulot avant tout. » Un Basque, donc « un garçon carré, dans le bon sens du terme », insiste Raynald Denoueix, deux années à la tête de la Real Sociedad (2002-2004), et qui le vit débarquer à 15 ans au centre de formation nantais avec l'autorité naturelle héritée de ses plus jeunes années.

« Un petit patron napoléonien », s'amusa un jour son ancien coéquipier Christophe Robert. « Plutôt rustique techniquement, s'était souvenu Robert Budzynski, l'ancien directeur sportif des Canaris. En revanche, quelle intelligence dans le jeu ! » Elle lui fut indispensable à l'assimilation des principes nantais, même si, de ses débuts professionnels à 16 ans jusqu'à son départ pour l'OM en 1989, il n'en connut pas l'aboutissement sur le plan des résultats, chaotiques, en D1. La génération Ouédec-Loko-Makelele-Pedros, championne de France étourdissante en 1995, atteignit le Graal sans lui. Peut-être la perception distante qu'il entretient aujourd'hui avec l'idéal nantais en aurait été changée s'il avait été sacré avec les idées de Suaudeau et Denoueix.

« Didier, au cours de sa carrière, a connu un mélange d'influences, mais s'il a conservé quelque chose de Nantes, c'est ce sens du collectif hyper élevé, analyse Raynald Denoueix, son premier formateur, également champion de France en 2001. Il met l'équipe au-dessus de tout, car il avait cette qualité de jouer pour les autres, de les pousser, de les guider. » Les combinaisons à l'infini, les courses pour libérer l'espace aux coéquipiers, la passe déclenchée par le receveur, les exercices iconoclastes de Coco Suaudeau, capable de poser une planche sur le terrain pour totalement modifier la nature d'un exercice, l'ont nourri, il en convient volontiers aujourd'hui, citant sans fourcher les préceptes nantais. Mais très vite, il les remet dans leur contexte : « Nantes a été une influence dans un cadre bien particulier, réalisable à partir du moment où des joueurs pendant plusieurs années baignent dedans, quotidiennement, et au point que cela devienne automatique. »

De fait, il utilisa certains des exercices nantais à Monaco (2001-2005) « à partir de la troisième saison car les joueurs se connaissaient parfaitement ». Deschamps n'est pas un formateur, il n'en a jamais eu envie, trop impatient face à la quête des résultats, qu'il veut immédiats. Il n'est pas non plus un idéaliste, ne le sera jamais, marqué par son passage dans un OM qui, en 1993, sous les ordres de Tapie, a déniaisé le football français des clubs, en remportant la finale de la Ligue des champions (1-0 face à l'AC Milan).

Son expérience à la Juventus Turin (1994-1999), aux plus belles heures du Calcio, l'a rapproché pour de bon de sa nature profonde, de ce pragmatisme assumé. Avec Nantes, il a appris le jeu, avec Marseille et la Juve, il a appris à gagner. Mais, dès ses débuts sur le banc, il s'est affranchi de ses influences nantaises, en tout cas le jeu pour le jeu uniquement, et quand il retrouva, en 2011, Coco Suaudeau, à l'invitation de France Football, le débat ressemblait à une émancipation d'un adolescent qui sait tout ce qu'il doit au père, mais souhaite marcher tout seul, à sa façon.

Coco avait allumé en premier l'entraîneur de l'OM à l'époque : « Il y a une expression, "gagner à tout prix", à laquelle je n'adhère pas du tout. »
Réponse de l'élève, qui n'en était déjà plus un : « Pour moi, le plaisir n'existe que dans le succès [...]
- Cette victoire dont tu parles, elle ne dure pas. C'est fort sans doute, mais éphémère.
- Moi, j'ai ce plaisir. Je me souviens de matches horribles que j'ai été heureux de gagner, de remporter.
- Toi, tu vis le moment. Moi, je vis plus loin. »

En novembre 2003, Suaudeau avait pourtant adoubé dans une interview à France Football le tout jeune coach monégasque : « Je ne m'intéresse pas particulièrement à Monaco. En revanche, son jeu, oui, m'intéresse, d'autant qu'il est de qualité. » Plus loin, il expliqua la filiation avec l'école nantaise : « Il (Deschamps) a réussi à faire comprendre à ses joueurs que le plaisir vient toujours après les contraintes, les courses, la mobilité, le déplacement, les fausses pistes [...] Il a été nourri puis élevé dans ce foot nantais, auquel on demande beaucoup mais donne aussi beaucoup. »

Dix ans plus tard, ils débattirent aussi sur le milieu de terrain, « une zone de vérité » pour Suaudeau, pas la plus importante pour DD, qui a toujours martelé : « Il existe deux zones de vérité : ta surface et la surface adverse. Le milieu, c'est le coeur du jeu, c'est ce qui t'apporte le liant et te donne l'équilibre d'équipe, mais ce ne sera jamais une zone de vérité. » Un crime de lèse-majesté en terre ligérienne, et on sent bien que cette sortie récurrente embête Raynald Denoueix, pourtant grand fan de « Desch'», comme il l'appelle : « Je lui donne tort, car entre le gardien et l'attaquant, s'il n'y a pas de liaison, cela ne va pas marcher. Mais je comprends ce qu'il veut dire. J'ai connu ça, ce sentiment de ne pas pouvoir marquer faute d'attaquant. Mais il a été milieu, il ne peut pas nier l'importance de ce secteur. » Sans surprise, la répétition des passes, à l'espagnole, ne l'a jamais séduit, il aime la verticalité et, en ce sens, il renoue avec l'école nantaise et cette quête de « l'espace vers l'avant », expression qu'il a entendue des dizaines de fois du côté de la Jonelière.

Mais il s'en éloigne de nouveau, d'un point de vue plus philosophique cette fois, sur les moyens à mettre en place pour parvenir à ce qui guide tous les entraîneurs, la victoire. Ses formateurs ont toujours avancé que le résultat est la conséquence. Pour Deschamps, il est un objectif : « C'est affreux, grince Denoueix. Il a tort, car je l'ai entendu après un match de l'équipe de France dire à ses joueurs à la mi-temps : "Si on continue de jouer comme ça, on va perdre !" Cela prouve bien que la manière est importante. Le beau jeu ne veut rien dire, bien jouer, c'est-à-dire marquer des buts sans en prendre, oui ! Beau, bien, regardez dans le dictionnaire, ce n'est pas la même définition. »

D'un pays à l'autre, encore plus et lors d'un nouvel entretien croisé avec Leonardo Jardim, Deschamps avait entendu le technicien portugais, alors en poste à Monaco, réduire la Serie A à son expression la plus minimaliste (« en Italie, jouer bien, c'est être bien placé, sérieux, gagner 1-0 »), ce qui n'avait pas dû lui déplaire. Car avec la Juve de Lippi, DD a tout gagné, le Championnat, trois fois (1995, 1997 et 1998), la Ligue des champions (1996) et un état d'esprit qui ne l'a pas quitté au moment de passer de l'autre côté de la barrière, en 2001. Nicolas Bonnal, l'ancien milieu de terrain, se rappelle des premiers pas monégasques du Bayonnais : « Ce qui m'avait impressionné, c'est la façon dont il se servait du foot italien, avec son staff, la prépa physique... Mais, dans le jeu, jamais son idée de départ n'a été le catenaccio, ça jouait au ballon, avec des idées offensives. Nous n'avions pas une équipe qui défend, qui attend. »

Même souvenir chez Ludovic Giuly : « Quand il est arrivé avec la grande armada italienne, des joueurs comme Panucci, Bierhoff, Jugovic et son staff, on s'est dit qu'on allait devoir se tenir à carreau, qu'on allait souffrir physiquement. Mais tactiquement, il n'était pas dans l'exagération, comme j'ai pu le connaître avec (Luciano) Spalletti ensuite (avec l'AS Rome en 2007-2008). »

De la Serie A, comme joueur, il a ramené une culture tactique, une base défensive solide, une efficacité dans les deux surfaces, les zones de vérité dont il n'a jamais dérogé, et qui participera, on le verra plus tard, à lui donner cette image d'entraîneur, au mieux frileux, au pire défensif. De Marcelo Lippi, son principal mentor, il explique aujourd'hui avoir retenu « la culture du travail à travers les séances d'entraînement, la répétition des gammes, des exercices tactiques, avec opposition ou sans opposition, pour réduire au maximum la marge d'erreur. Pour résumer, Nantes était plus dans un esprit de formation, la Juve était une machine de combat pour gagner. L'une ne va pas à l'encontre de l'autre, mais l'objectif n'est pas le même », constate-t-il aujourd'hui.

Ses victoires à Marseille, à la Juve, en équipe de France, l'ont conforté dans ce pragmatisme, son réalisme, « sa logique plutôt » (Denoueix), comme un écho à ce que Lippi lui martelait sans cesse : il n'y a pas une seule façon d'entraîner, mais il faut tenir compte de l'environnement dans lequel l'entraîneur évolue. Mais si Giuly le voit en technicien « polymorphe », Guy Stéphan, son adjoint depuis 2009, consent que « Didier est un Italien. Pas dans le sens catenaccio, mais dans l'exigence, ce côté guerrier qu'il avait joueur. Son poste de récupérateur de ballons a contribué à le former comme entraîneur ».

Ancien coéquipier chez les Bleus, le consultant de L'Équipe Bixente Lizarazu se poste sur la même ligne : « Nantes, la Juve, l'Italie et Aimé Jacquet ont forcément eu une influence majeure. Dans sa réflexion tactique et d'entraîneur, il a sûrement pioché partout. Déjà, capitaine, il avait ce souci de l'équilibre, il ne voulait pas qu'on prenne le vent au milieu et derrière, il rappelait les attaquants, il replaçait, il avait un rôle de compensation précieux. » Le double vainqueur de la Coupe du monde avait ça en lui, depuis toujours, et lui-même s'était défini comme « un maçon » plus qu'« un architecte du jeu », sur lequel se reposa pourtant Aimé Jacquet, un autre mentor, un pragmatique comme lui.

En 1998, tous les deux incarnèrent cette France sur le toit du monde, tournant le dos au romantisme de la génération 82-86, sacrée en 1984 mais défaite par les Allemands lors des deux Coupes du monde. Les médias italiens l'avaient tout de suite compris, et au lendemain de l'élimination de leur Nazionale en quarts de finale (0-0, 3-4 aux t.a.b.), certains avaient titré : « On a enfanté des monstres. »


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Didier Deschamps entraîneur entraînant (2/4) ? Le caméléon

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Pragmatique, réaliste, conservateur ou défensif, le sélectionneur des Bleus ne s'inscrit pourtant dans aucune école tactique et se démarque plutôt par sa faculté d'adaptation.

« Un livre de cuisine, peut-être. » Dans l'entretien qu'il a accordé à L'Équipe et qui sera publié dans l'édition de vendredi, Didier Deschamps, une nouvelle fois, s'en est sorti par une pirouette quand on lui a demandé si, comme Robert Moreno, l'entraîneur de Monaco, auteur de Ma recette du 4-4-2, il pourrait écrire un ouvrage sur la tactique. Le titre serait tout trouvé (le Pragmatisme appliqué au football) mais sa « philosophie de jeu » (un concept « creux » pour lui) se limiterait à un verbe : « s'adapter. »

Le terme revient dans chacune de ses interventions quand ses joueurs et anciens joueurs louent plutôt son « pragmatisme ». Un gros mot pour les esthètes, les romantiques, les puristes, pas pour Raynald Denoueix : « Le foot, c'est complexe mais pas compliqué. C'est même très simple à condition de prendre les infos, de les analyser et de bien les utiliser. » Et dans ce domaine, l'ancien milieu de terrain maîtrise, sans s'embarrasser de longues théories sur le foot, le 4-4-2 ou les « half spaces ».

Édouard Cissé sourit encore d'avoir croisé à Clairefontaine son ancien coach, lors de sa formation pour devenir entraîneur : « Quand je lui ai expliqué ce que j'étudiais, il m'a répondu, amusé, "wahou !" (rire). » Car DD, un poil moqueur, sait que la théorie ne vaut pas la réalité du terrain à laquelle il s'est heurté lors de sa première saison à Monaco, en 2001-2002 (15e de D1). « Sa phrase préférée était : "il faut payer pour apprendre" », se souvient Nicolas Bonnal, ancien milieu de Monaco. Le premier jour sur le Rocher, il avait aussi déclaré : « Je n'ai pas de schéma inamovible. Ça dépendra des éléments qu'on aura. »

Loin des manuels, Deschamps a élaboré ses équipes sans dogme, tout juste a-t-il une préférence, naturelle, pour le 4-4-2 en raison de la couverture globale du terrain offerte par ce système. Mais l'expérience a montré qu'il ne s'interdisait rien et, lors de ses débuts chaotiques avec les Bleus, en 2012, il a tâtonné, testé les hommes, cherché à reformer son socle de l'OM des derniers mois sans trouver sa pointe, son Alou Diarra, dans un 4-3-3 abandonné pour un 4-2-3-1. Et jusqu'au Mondial gagné en 2018 (4-2 contre la Croatie), il a bougé les lignes.

Après le 4-3-3 classique mais sans flamme mené par le trio Dembélé - Griezmann - Mbappé, en ouverture contre l'Australie (2-1), il a revu sa copie et basculé sur un 4-2-3-1 (ou 4-4-2) afin de recentrer Griezmann derrière Giroud. Un système devenu un 4-3-3 asymétrique face à l'Argentine (4-3), Matuidi évoluant très bas à gauche, et Mbappé très haut à droite, prêt à plonger dans les espaces argentins.

Un vrai caméléon tactique : « Si on lui prouve que tel système avec telle animation fonctionne, cela ne lui pose pas de problème de changer », analyse son adjoint Guy Stéphan. « Il n'est pas dogmatique, confirme Bixente Lizarazu. Il n'est pas du genre à dire : "J'ai un système, une philosophie de jeu définie, c'est aux joueurs de s'y adapter." »

Joueur, l'ancien milieu de terrain a toujours été garant d'un équilibre, mais l'international Tanguy Ndombele assure qu'il demande aussi à ses équipes « d'avoir le ballon, de jouer simple, vite vers l'avant. C'est vrai que, sur les relances, on n'hésite pas à allonger sur Oliv' (Olivier Giroud) pour jouer ensuite les deuxièmes ballons. On n'est pas vraiment une équipe de possession. On pourrait, on a les joueurs pour, mais est-ce que cela marcherait ? »

La question ne se pose pas, le sélectionneur a toujours été très clair sur ce football de passes à l'infini, jugé « stérile » et « pas très utile », au contraire du football de transition rapide qui, pour Lizarazu, colle parfaitement à « cette équipe de France redoutable en attaques rapides, sans être purement une équipe de contre-attaque ».

Rien de vraiment neuf : en club déjà, le technicien basque demandait à ses équipes « d'exploser vers l'avant à l'instant qu'on récupérait le ballon au milieu », se rappelle Ludovic Giuly, l'ancien ailier de Monaco (1998-2004, puis 2011-2012). Plus empirique qu'universitaire, Deschamps aime « jouer sur la largeur, avoir une présence dans la surface de réparation, offrir une liberté aux latéraux... Il demande une participation de tous les joueurs à la récupération du ballon, avec une densité côté ballon, énonce Stéphan. Rien d'extraordinaire, ce sont des principes utilisés par d'autres entraîneurs, mais ajoutez à ça l'animation, le management, l'état d'esprit et le sens du collectif et vous avez Didier Deschamps. » Interrogés, ses joueurs ou anciens joueurs lui trouvent d'ailleurs plus une méthode globale qu'un style qu'il a décliné selon ses équipes, les époques et les compétitions.

Monaco est devenu séduisant (vainqueur de la Coupe de la Ligue, 2e de L1 et meilleure attaque en 2003, 3e de L1 et finaliste de la Ligue des champions en 2004 contre le FC Porto) en passant par les côtés, selon un schéma identique, « un 4-5-1 ou un 4-2-3-1 » (Édouard Cissé) qu'il modulait au gré des compétitions. En L1, outre une invariable base défensive à quatre joueurs, il disposait un double pivot de 6 (Zikos-Bernardi), deux joueurs de couloir (Rothen à gauche et Giuly à droite) et deux pointes : « Mais en C1, on évoluait avec Morientes en soutien de Ludo (Giuly) et moi dans le couloir droit, se souvient Édouard Cissé. Quand on avait le ballon et si j'avais les jambes, je pouvais me projeter. Si on ne l'avait pas, je venais renforcer l'axe aux côtés de Zikos et Bernardi. »

Ses Monégasques furent renversants cette saison-là, face au Real Madrid (2-4, 3-1) et Chelsea (3-1, 2-2) notamment, seulement battus par le Porto de José Mourinho en finale (0-3). Difficile de juger son empreinte tactique à la Juve (2006-2007) où, à la tête d'un effectif XXL (Trezeguet, Del Piero, Nedved, Buffon...), il marcha sur la Serie B (*).

Une fois à Marseille, en 2009, changement de décor. Et de système, avec une animation plus axiale dans un 4-3-3 avec une pointe basse pour soulager défensivement Lucho, son élément clé. Un groupe moins joueur mais plus efficace (champion de France en 2010, trois Coupes de la Ligue en 2010, 2011 et 2012) selon Cissé : « À l'entraînement, juste avant d'affronter en début de saison Bordeaux, le champion sortant, on développait du jeu. Il nous avait interpellés : "Vous voulez imposer votre jeu à une équipe qui est rodée depuis des mois ? Si vous voulez. Mais on n'est pas encore prêts." On avait alors décidé de leur laisser la balle et on avait obtenu un résultat chez eux (0-0). Il nous a convaincus qu'on pouvait gagner en étant moyens. »

Quand, en janvier, il a vu que sa base défensive tanguait, il est revenu aux fondamentaux et a demandé au milieu de terrain Stéphane Mbia de descendre d'un cran, au côté de Souleymane Diawara, Gabriel Heinze se décalant dans le couloir gauche où Niang, attaquant axial au départ, a réalisé une saison pleine. L'année d'après, André-Pierre Gignac, aussi, basculait sur un côté après six premiers mois à l'envers (1 but) : « On jouait sur Brandao qui prenait tous les ballons et je devais être à la retombée, explique l'attaquant des Tigres. Au sol, je devais solliciter des une-deux pour me mettre en position de frappe. »

Bilan ? Sept buts pour Dédé (le joueur) à partir de janvier. Un réalisme tactique salué aujourd'hui par l'international français (36 sélections, 7 buts), qui a connu deux vrais penseurs du foot, Christian Gourcuff, actuel entraîneur de Nantes, et Marcelo Bielsa (Leeds United) : « DD, lui, c'est la gagne, l'adaptation, et il sait comment pensent les joueurs, du fait de sa carrière. »

Contre la Belgique (1-0) par exemple, en demi-finales de la dernière Coupe du monde, le sélectionneur a bien constaté, contrarié, que son équipe évoluait trop bas mais, parce que les joueurs se sentaient sereins dans cette position, il a laissé faire. Guy Stéphan en veut pour exemple le but de Pavard contre l'Argentine : « On n'aurait jamais égalisé contre l'Argentine s'il n'avait pas laissé l'initiative à son latéral gauche (Lucas Hernandez) de centrer pour son latéral droit à trente minutes de la fin. » Une liberté qui, en revanche, ne paie pas face aux petites équipes évoluant en bloc bas, où l'animation offensive française, difficile à travailler lors des courts rassemblements des Bleus, ne repose que sur le talent individuel.

Certaines de ses compositions de départ, aussi, peuvent prêter à discussion. En Russie, face au Pérou (1-0), il aligna Matuidi dans un rôle de milieu offensif contre nature, comme il le fit, à droite, avec Moussa Sissoko lors de l'Euro 2016, envoyant le signal d'un onze frileux : « Ce n'est pas totalement faux, je suis d'accord, admet Stéphan. Mais ce qu'on oublie, c'est qu'avec ce choix il offre beaucoup de liberté aux autres joueurs, aux latéraux, à Pogba, à Griezmann. »

Un style de jeu difficilement identifiable

Un équilibre pour un déséquilibre, en somme, mais insuffisant pour faire oublier son côté conservateur, malgré ses coups réussis (titularisation de Lucas Hernandez et de Benjamin Pavard, sans expérience internationale). « On a tendance à ne pas souligner ses coups tactiques, on retient plutôt la densité, la solidité que dégagent ses équipes », regrette son adjoint.

Car, malgré les titres et quelques envolées collectives, on continue de faire la moue face à ce jeu terriblement efficace mais minimaliste, et assommant parfois. Sa frilosité avait été pointée face à la Suède (le 9 juin 2017), en match de qualification pour le Mondial où, après avoir ouvert le score, ses Bleus s'étaient inclinés (1-2), certes sur une boulette de Lloris dans les arrêts de jeu. En 2011, déjà, Jean-Claude Suaudeau lui avait demandé dans France Football pourquoi, contre Manchester United en Ligue des champions, son OM n'était pas allé « plus loin. [...] Tu aurais pu les bousculer plus méchamment derrière ».

DD avait révélé sa nature raisonnable ou craintive, c'est selon : « Si je me découvre derrière pour aller devant, il (Alex Ferguson) me tue. » L'OM avait été éliminé (0-0, 1-2) mais Denoueix constate aujourd'hui que « ses équipes prennent l'initiative, je ne les vois pas attentistes ». Ce que confirme Ndombele, pour qui « les critiques sont injustes car on ne joue jamais défensif, il n'a jamais demandé à garer le bus » ; Gignac interroge : « Un entraîneur défensif, c'est quoi ? Rappelez-moi combien de buts l'équipe de France a inscrits pendant le Mondial ? »

Quatorze exactement, mais ils n'ont pas suffi à séduire son ancien coéquipier Christophe Dugarry, agacé par ces Bleus sans style : « Vous avez des yeux, vous voyez comme moi comment ça joue. » Défensif selon le consultant, ce que Lizarazu trouve « caricatural. Les équipes de Didier n'ont pas un style vraiment identifiable mais je crois que ça l'arrange bien car il fait tout pour ne pas être trop lisible ».


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Série Deschamps le tacticien (3/4) : un management au coeur des hommes

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Capitaine dans toutes les équipes où il a joué, leader-né, Didier Deschamps a établi une méthode de management moins tournée vers le talent individuel que vers le collectif.

En deux jours, Didier Deschamps a basculé d'un monde à l'autre. Le 9 juin 2001, après une saison amputée par les blessures avec le Valence CF et terminée par une finale de Ligue des champions perdue face au Bayern Munich (qu'il a vue du banc), le milieu de terrain a annoncé sa retraite de joueur. Le 11, il s'est engagé avec Monaco comme directeur technique. À cet instant, malgré son expérience, sa culture tactique, il ignorait tout de ce monde, mais il se doutait bien que rien ne serait simple : « Il y aura des moments difficiles sur le plan technique, sur le plan humain. Je suis préparé à ça. »

À seulement 32 ans, il n'était plus un exécutant, il devenait celui qui devait faire passer un message à des joueurs de sa génération, parfois d'anciens adversaires. Encore trop joueur, frustré de constater que ses consignes n'étaient pas appliquées comme il le souhaitait, « il avait effectué quelques erreurs de management avec certains joueurs, se souvient l'ancien milieu Nicolas Bonnal. Mais il s'est rattrapé car ce sont les mêmes qui, l'année d'après, permettaient à Monaco de réussir une belle saison (2e de L1, vainqueur de la Coupe de la Ligue) ».

Au cours des deux saisons suivantes, les plus abouties, il s'est débarrassé des joueurs parasites selon lui (Christian Panucci, Marco Simone), de ses propres recrues (Vladimir Jugovic, Oliver Bierhoff), a écouté ses cadres qui lui demandaient des modifications tactiques. Son attaquant Shabani Nonda a constaté la mue du néophyte : « Au début, il ne dérogeait jamais ni à ses méthodes ni à ses idées. Il était radical. En deux ans, ce n'était plus le même coach, il était plus souple. »

Des débuts qui l'ont marqué selon Guy Stéphan, son adjoint depuis 2009 : « Tout le monde pense qu'il n'a connu que le succès, mais c'est faux. Lors de sa première saison à Monaco (15e de L1), il était au bord du gouffre mais il a su se relever. » Joueur, aussi, il avait connu des galères : prêté à Bordeaux par Tapie en 1990, il avait fait le forcing pour revenir et s'imposer ensuite à l'OM contre le souhait initial du boss. À la Juve, interrogé par la justice italienne, il avait été accusé, avec le reste de l'effectif, d'avoir bénéficié d'un système supposé de dopage, avant que l'affaire ne soit classée pour vice de forme en 2005. En 2008, il avait mal vécu le soutien de Michel Platini à Raymond Domenech pour son maintien à la tête des Bleus et, en 2010, il savait la partie perdue quand Laurent Blanc et lui s'étaient retrouvés en concurrence pour le même poste (« II ira avant moi. Il passe mieux. Son image est meilleure, c'est comme ça. »).

Une résilience qui n'atténue pas la déception les soirs de défaite mais lui offre le recul nécessaire quand tout semble fichu. « Le barrage retour de qualifications à la Coupe du monde, contre l'Ukraine (victoire 3-0 en 2013, après la défaite 2-0), aurait pu le tuer, mais il a tout renversé. Dans les grands matches, il a toujours été présent », salue l'attaquant André-Pierre Gignac. Vingt ans après ses débuts sur un banc (déjà !), son rapport aux joueurs a évolué, plus proche, plus tactile aussi et, auprès de son staff chez les Bleus, il s'amuse de sélectionner des joueurs qui n'étaient pas nés quand il avait gagné le Mondial, en 1998.

Son paternalisme lui a permis de déminer la plupart des conflits, développant un pragmatisme, encore, jusque dans la gestion humaine de ses groupes. Et son ancien coéquipier en bleu Bixente Lizarazu, consultant pour TF1, insiste sur ce point : « Quand on parle de tactique, cela se limite aux choix d'un schéma de jeu et à son animation. Mais pour moi, le talent d'un entraîneur pour faire gagner son équipe est multiple : il y a le bon choix des hommes, leurs complémentarités et le savoir-faire pour les préparer psychologiquement à la compétition. Didier, l'entraîneur, je le vois donc au-delà du simple prisme tactique et je trouve qu'il excelle particulièrement dans le management des hommes. Savoir manager les hommes, c'est savoir en tirer le meilleur sur le terrain. »

Ludovic Giuly, son capitaine à l'ASM, estime que « sa rigueur tactique est plus de l'ordre mental. Dans sa capacité à nous faire croire en ce qu'on fait, il nous transmettait sa haine de la défaite. Dans ma carrière, j'ai connu deux très grands entraîneurs, Frank Rijkaard (au Barça) et Didier. Il sent les choses, c'est inné ».

Parce que, en tant qu'ancien joueur, on ne la lui fait pas. Capitaine à 11 ans de co­équipiers âgés de 13 à 15 ans à Bayonne, même responsabilité à 19 ans à Nantes, à 24 ans à l'OM, Deschamps, qui a appris de ses brouilles avec son mentor Marcello Lippi, lit ses joueurs, leur mange la tête, et Édouard Cissé se rappelle comment le Basque l'avait attiré à Marseille, en 2009, après une expérience commune à Monaco, en 2003-2004 : « Il m'a appelé pour me dire qu'il voulait qu'on retravaille ensemble. Je lui avais alors expliqué que j'étais sur le point de réaliser le doublé Championnat-Coupe en Turquie (avec Besiktas). Il venait d'arriver mais il avait déjà de l'ambition et il m'avait répondu : "Le titre en Turquie, c'est bien, mais un titre dans ton pays, c'est mieux." À 31 ans, je n'avais jamais gagné le Championnat de France, il savait que c'était ma dernière chance. Il est fort. »

Gignac le qualifie même de « génie de la gestion des ego. Le pragmatisme du mec, c'est un truc de ouf. Nous deux, on s'est embrouillés à Marseille (en novembre 2011), c'est sorti dans les médias, mais quand il a décidé de me rappeler en équipe de France (en septembre 2013), il n'a pas eu peur. Il veut juste la meilleure équipe possible. »

Hatem Ben Arfa, Adil Rami (rappelé en renfort pour l'Euro 2016 malgré sa non-sélection initiale, qu'il avait vivement critiquée) ou Samir Nasri ont connu la même situation. Après un Euro 2012 boudeur avec Laurent Blanc, Nasri n'était pourtant plus vraiment désiré, mais une fois sa sanction purgée (3 matches pour des insultes à des journalistes), Deschamps l'a relancé car il estimait en avoir besoin sur le plan sportif. L'échec du barrage aller contre l'Ukraine a scellé son sort autant que l'intuition de Deschamps que la présence du meneur de Manchester City, peu enclin à faire banquette, pouvait déstabiliser le groupe.

Pour des raisons plus complexes, plus politiques, son choix, après l'affaire de la sex-tape de Mathieu Valbuena, de ne plus appeler Karim Benzema, qu'il a toujours justifié par « un choix sportif » partiellement vrai, confirme ­l'influence d'Aimé Jacquet. En 1998, le technicien s'était privé de David Ginola et d'Éric Cantona pour façonner le meilleur groupe possible avant de former la meilleure équipe sur le papier, avec des joueurs qui resteraient sur le banc sans se plaindre. Guy Stéphan a pu de nouveau le constater pendant la campagne russe de 2018 : « La première idée de Didier est de former un groupe de 23, pas les 23 meilleurs même si ce sont forcément de très bons éléments. Puis de trouver la bonne animation, ce qui a été fait dès le deuxième match (contre le Pérou, 1-0). Il met les joueurs à leur meilleur poste, il tire le maximum de ce que les joueurs peuvent donner. »

On en revient à sa malléabilité tactique (voir L'Équipe de mercredi), une souplesse nécessaire, estime l'ancien coach Raynald Denoueix : « Desch' fait comme tout le monde, il travaille pour obtenir une équipe cohérente, en fonction de son effectif et de la compétition qu'il dispute. Huit fois sur dix, il a raison quand il cherche à développer le sens collectif de son équipe. Pour gagner, il faut une méthode et des principes, cela repose sur quelque chose de solide. L'entraîneur l'a en tête et essaie de le mettre dans la tête de ses joueurs. Didier possède forcément cette qualité, il a eu des résultats en clubs et en sélection. » Chambreur « mais pas cassant » selon son staff, DD, adepte « de la crainte salutaire » dans le vestiaire, s'attache autant à l'équilibre tactique qu'émotionnel de ses groupes. L'ancien Monégasque Jérôme Rothen avait souligné, en 2014, son rôle de guide : « Tactiquement, Didier connaît le foot, comme de nombreux entraîneurs, mais sa grande force, c'est d'être un fin psychologue, de créer un collectif. [...] Dans tous les groupes où Deschamps est passé, il y a eu une ambiance exceptionnelle. »

En Russie, son groupe aurait pu éclater pour une blague de potache, le coup de l'extincteur vidé par Adil Rami dans l'hôtel, juste après France-Argentine (4-3, en huitièmes de finale). L'alarme incendie s'était déclenchée et avait envoyé tout le monde en slip ou pyjama à l'extérieur de l'établissement. Aucune sanction n'avait été prise à l'encontre du défenseur, Deschamps estimant les risques de déstabilisation d'un groupe qu'il savait rigolard et uni trop grands. Il avait même pensé à le récompenser (de son état d'esprit, pas pour avoir mis tout le monde dehors en pleine nuit quand même) en lui offrant quelques minutes pendant la finale (4-2) avant que la Croatie n'inscrive son deuxième but...

Plus agacé et tendu par le passé, le sélectionneur sait aussi combien son attitude influe sur ses troupes et Édouard Cissé a été bluffé par son flegme pendant cette finale mondiale : « J'ai revu le match. Qu'est-ce que c'était fort quand même, les Croates ! Et en face, les Français ont su rester sereins. »« Ni trop flic ni trop cool », pour reprendre l'expression de Kylian Mbappé après le Mondial, Deschamps (51 ans) a intégré peu à peu les nouveaux codes de cette génération zappeuse, avec des causeries courtes, des entretiens individuels pour faire passer des messages, recadrer les comportements ou les attitudes observées en club (Ousmane Dembélé au Barça).

Deschamps tire un peu toutes les ficelles, optimise tout, sans surprendre Miroslav Blazevic, son entraîneur à Nantes entre 1988 et 1989 : « C'est un leader-né, c'est pour ça que je l'ai mis capitaine si jeune ! De chez moi, je le regarde avec des jumelles et je vois un grand entraîneur, un homme courageux, qui n'a peur de rien, avec une philosophie d'avant-garde pour ceux qui savent regarder. Le système et la formation ne sont pas le plus important. » À un moment, un parallèle tactique avec José Mourinho aurait pu se tenter, mais le Portugais est « autoritaire, s'attaque très vite aux joueurs les plus influents, par ego, analyse Cissé. Didier n'a pas cet ego, il ne m'a jamais dit : "Je vais t'apprendre le foot." Il m'expliquait que je savais faire des passes, des contrôles mais que, sur le tempérament, il allait m'enseigner des choses. »

Moins buté qu'à ses débuts, Deschamps a gardé cet esprit vestiaire et accepté le tutoiement, comme le vouvoiement et le chambrage. Gignac, d'ailleurs, ne s'en prive pas : « D'entraîneur de club à sélectionneur, je n'ai pas vu beaucoup de différence. Il est resté cet incroyable gagneur, avec cette capacité à te donner l'envie de te surpasser. Vraiment, il n'a pas changé. Ah si, il a des abdos maintenant (rire). » Ce que ne dit pas l'attaquant des Tigres, c'est que « DD » ne l'avait pas raté en lui rappelant que lui aussi, depuis 2015 et son départ de l'OM pour le Mexique, avait fondu...


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Série Didier Deschamps le tacticien (4/4), l'entretien : « Je n'ai pas de consignes restrictives »

Spoiler: montrer
Adepte d'un réalisme tactique, le sélectionneur des Bleus a été plus influencé par l'école de la Juventus que par celle de Nantes. Mais il accorde à ses joueurs une certaine forme de liberté dans le jeu.

Dernier épisode de cette série consacrée à Didier Deschamps, un entretien avec le principal intéressé qui est revenu sur ses influences, ses idées, surtout, et une forme de détachement par rapport aux critiques. D'autant qu'en pleine crise sanitaire et alors que le pays et le football sont à l'arrêt, le sélectionneur de l'équipe de France (51 ans), confiné chez lui, dans le Sud-Est, comme ses confrères et de nombreux Français, se montre particulièrement touché par « cette période très, très compliquée et je n'ai vraiment pas l'envie ou le coeur de me mettre en avant. Des familles sont endeuillées, d'autres vivent au rythme de nouvelles de proches qui luttent pour rester en vie. C'est terrible. La souffrance de tous ces gens m'attriste. Les personnels soignants sont extrêmement dévoués dans la lutte contre l'épidémie. La moindre des choses, c'est de respecter leur très grande implication en respectant les consignes du mieux que nous le pouvons. » L'Euro, repoussé d'un an, lui semble encore loin mais, pour se changer les idées, il a accepté de parler de ballon, de 4-4-2 ou de pressing. Cela fait du bien aussi.

« Vous avez été formé à Nantes mais avez appris à gagner avec la Juventus. Laquelle des deux écoles vous a le plus influencé ?

(Il hésite longuement.) Ce sont deux influences mais, d'une manière ou d'une autre, quelle que soit l'influence, je ne fais pas de copier-coller. Il faut s'adapter à la situation et aux joueurs mis à votre disposition. À Nantes, comme à Barcelone aujourd'hui, chaque exercice semblait facile en apparence mais il était en réalité très compliqué : sa réalisation nécessitait beaucoup de complémentarité dans le jeu sans ballon. La base du style nantais, c'était un jeu de mouvement dans lequel les joueurs devaient accepter d'effectuer des appels sans être sûrs de recevoir le ballon. Mais ces appels étaient utiles car ils allaient servir leurs coéquipiers. L'autre point de ce style, c'était que le joueur sans ballon devait être à l'initiative de la passe. Sinon, très souvent, il y avait un décalage, un retard. Pour mettre ça en place ailleurs, il faut avoir du temps et pouvoir garder les mêmes joueurs longtemps.

Et l'autre école, italienne ?

Sur l'aspect défensif, les équipes italiennes concèdent très peu de buts à force de répéter et répéter les exercices, afin de réduire au minimum la marge d'erreur. Et le club en lui-même a cet ADN de la gagne : un nul, c'est catastrophique, alors perdre... On ressent ça au quotidien. Par rapport à Marcello Lippi (son entraîneur à Turin pendant cinq ans), outre ses compétences de tacticien, il y avait sa manière de gérer un groupe, d'impliquer les joueurs avec une autorité et des discussions aussi. Malgré les exigences élevées, il savait garder un état d'esprit collectif, familial même. Sans minimiser ses mérites, c'est plus facile là-bas car les joueurs ne se plaignent pas de ne pas jouer. Ils bossent et sont contents de jouer, même cinq minutes.

Est-ce possible de réaliser une synthèse des deux écoles ?

J'ai gardé un peu des deux mais tout dépend aussi du métier que l'on fait. En sélection, le fonctionnement n'est pas du tout le même qu'en club. En club, dans la mesure où l'on peut travailler dans la durée, on peut mettre en place des exercices de base avec des options pour compliquer et amener les joueurs à réfléchir. Ça nécessite du temps, que je n'ai pas en sélection. Avec l'équipe de France, je suis donc plus proche de la réalité de la Juve : c'est le très haut niveau et on est là pour avoir des résultats. Ce qui ne veut pas dire que je me désintéresse de la manière d'obtenir ces résultats. Même si ceux qui me connaissent mal peuvent parfois prétendre le contraire, je sais bien qu'on a plus de chances d'avoir un résultat en maîtrisant plutôt qu'en attendant l'adversaire.

Avez-vous une philosophie de jeu établie ?

Je n'aime pas trop parler de philosophie de jeu, de principes de jeu. Ce sont des concepts un peu bateau, qui font intellectuels. Je ne suis pas certain qu'il y ait réellement du contenu à l'intérieur. Le profil d'un 4-4-2 dépend du nombre d'attaquants que vous alignez. Si vous positionnez des milieux ou des ailiers dans les couloirs, ce n'est alors plus du tout le même 4-4-2. Quand on parle de philosophie, tout dépend des joueurs dont on dispose.

Dans un monde idéal, avec les joueurs idéaux, vous aimeriez évoluer dans quel système ?

C'est dur de répondre. Le système qui me paraît le plus rationnel, en termes d'équilibre, car il permet d'avoir des distances sur la largeur et la profondeur les mieux réparties, c'est le 4-4-2. Pas avec deux attaquants sur la même ligne, c'est plus facile à neutraliser pour l'adversaire. Pour les joueurs de couloirs, ça dépend. On peut avoir des créatifs, des dribbleurs qui centrent, passent et marquent si on a le ballon. Mais si on ne l'a pas, cela devient plus compliqué.

Mais vous ne savez pas toujours à l'avance si vous allez avoir la possession.

On essaie de le savoir mais cela m'est arrivé récemment contre la Moldavie (2-1, le 14 novembre) d'aligner quatre joueurs plus offensifs avec Mbappé à droite, Coman à gauche, Griezmann et Giroud devant et ce n'est pas pour autant qu'on a été performants, à cause de problèmes de déplacements. Bien sûr, c'est possible, dans l'absolu, de jouer avec quatre joueurs offensifs. Le PSG peut évoluer avec quatre éléments (Di Maria, Neymar, Mbappé, Cavani ou Icardi) mais sur un gros match et s'ils n'ont pas le ballon, ça va être très difficile. S'ils l'ont, pas de problème, mais l'adversaire peut l'avoir aussi. Cela se vérifie assez souvent, les équipes avec deux attaquants ne marquent pas plus de buts. Je ne fais pas de choix radicaux. Je fais ce que je pense être le mieux pour mes joueurs, afin de les mettre dans la meilleure position pour qu'ils trouvent ensuite une complémentarité. Je ne suis pas figé, j'ai été amené à bouger car certains systèmes n'ont pas fonctionné sur la durée. Je peux passer d'un système à un autre car j'ai des joueurs intelligents.

L'histoire a retenu les influences sur le jeu d'Arrigo Sacchi, Johan Cruyff ou Pep Guardiola. Parlera-t-on d'un style Deschamps ?

Ce n'est pas du tout un moteur pour moi. Peu importe le nom des entraîneurs passés, on ne peut pas faire pareil. Il faut avoir ses propres convictions et savoir s'adapter à la situation et aux joueurs dont on dispose. Le maître mot, c'est ça : s'adapter. Ce n'est pas le tout de dire "je vais faire comme untel ou untel", encore faut-il en avoir les moyens. Car la réalité, c'est que tout entraîneur est jugé sur ses résultats. Il y a différentes façons de gagner les titres. Est-ce plus valorisant en jouant d'une façon plutôt qu'une autre ? Je suis convaincu qu'il n'y a pas qu'une seule voie. On peut reprendre l'exemple de l'Espagne, double championne d'Europe (2008 et 2012) et championne du monde (2010) avec une grande possession. Lors de la Coupe du monde 2010, elle a marqué huit buts (en sept matches) alors qu'elle a eu systématiquement le ballon. Ce qui signifie qu'elle n'a pas été extrêmement efficace. Il y a du bon partout, il faut se l'approprier et s'adapter en fonction des joueurs qu'on a.

Des techniciens qui n'ont certes pas gagné de titres, comme Christian Gourcuff et Jean-Marc Furlan, développent des philosophies de jeu sans avoir, toujours, les effectifs en adéquation avec leurs idées...

Ce n'était peut-être pas possible de gagner avec les joueurs qu'ils ont eus, on ne peut pas leur reprocher. Qu'ils gardent une idée de jeu, une volonté d'avoir le ballon, de repartir de derrière, s'ils le sentent comme ça, pourquoi pas ?

C'est ce que vous demandez à vos joueurs ?

Évidemment. Mais si c'est repartir de derrière pour repartir de derrière et ne pas se créer une occasion, ça sert à quoi ? Si c'est pour se mettre en difficulté et ne pas être efficace, je ne vois pas l'intérêt. Je travaille pour que mon équipe prenne les choses en main et cause des difficultés à l'adversaire. En sélection, j'ai la chance de pouvoir avoir accès aux meilleurs et de les choisir. Même avec cette richesse, je reste confronté à un rapport de force. Être entraîneur, c'est aussi évaluer les forces et les faiblesses de l'adversaire. Il faut être efficace à deux moments : quand on a le ballon et quand on ne l'a pas, surtout dans la transition. On n'a pas une seule option durant 90 minutes.

Avec l'équipe de France, vous avez la matière : à part une ou deux équipes, très peu sont autant armées que vous.

Cela fait déjà deux de trop (rires). On est capables d'avoir la maîtrise, c'est même de plus en plus le cas. Mais on peut aussi tomber sur une équipe comme la Belgique (en demi-finales de la Coupe du monde 2018, 1-0) avec une très grande maîtrise collective, comme l'Espagne. Contre ce genre d'adversaires, il faut être réaliste et lucide. On sait très bien qu'on ne peut pas avoir une possession de balle supérieure. Pour l'emporter, il faut savoir bien défendre et bien utiliser le ballon quand on l'a, afin de créer des problèmes dans le dos des latéraux adverses ou entre le milieu et la défense, c'est-à-dire dans les espaces que laisse leur possession.

Avez-vous laissé volontairement le ballon à la Belgique ?

Non, pas du tout. J'étais même un peu énervé de voir mon équipe jouer si bas. Mais les joueurs se sentaient forts ainsi. On a défendu bas, c'est vrai, mais on a très bien défendu, en effectuant très peu de fautes. Cela ne servait à rien de s'égosiller sur le bord du terrain. J'ai eu une première vie, je sais très bien que si l'entraîneur insuffle, donne une idée directrice, ce sont les joueurs qui décident sur le terrain. Je ne les télécommande pas.

Entre le match de l'Argentine, en apparence moins maîtrisé avec trois buts encaissés (4-3, en huitièmes de finale), et celui de la Belgique, lequel avez-vous préféré ?

L'Argentine. Il y a tellement d'émotion, de sentiments. Sur ce match, les deux équipes ont eu la même attitude, elles ont reculé quand elles ont mené. À 2-1, l'Argentine nous a laissé le ballon et nous a permis de revenir dans le match. Même si on peut mieux faire défensivement, c'est le match de l'Argentine qui change notre Coupe du monde. Je préfère celui-là, il n'y a pas photo.

Comment expliquez-vous l'image d'entraîneur au pire défensif au mieux pragmatique que vous renvoyez ?

Cela n'a pas d'importance. Je ne l'explique pas, je ne cherche pas à comprendre. Je sais juste qu'elle ne correspond que partiellement à la réalité.

Votre passé de joueur, de "porteur de bidons", influe-t-il sur la perception qu'on a de l'entraîneur ?

Porteur de bidons, porteur d'eau... Je m'en foutais aussi. Je savais ce que je devais faire pour être utile à mon équipe. Les étiquettes... (Il souffle.) La seule chose qui m'intéresse, ce sont les arguments derrière. Si l'argumentation est partielle ou erronée, je ne me bats pas.

Avec Monaco, on ne vous accusait pas d'être défensif.

(Amusé.) Et pourtant, quand on regarde la composition de mon équipe... J'avais quatre défenseurs, Évra à gauche, Givet ou Ibarra à droite, deux milieux récupérateurs, Zikos et Bernardi, Rothen à gauche, Édouard Cissé à droite, Morientes en soutien de Giuly dans l'axe. Giuly était très rarement dans le couloir en Coupe d'Europe. Sur mes quatre milieux, à part Rothen, tous avaient un profil défensif et cela ne nous a pas empêchés de marquer des buts.

Estimez-vous que vos équipes ont bien joué au football depuis que vous êtes entraîneur ?

Globalement, oui à Monaco (2001 - sept. 2005). À Marseille (2009-2012), pas à chaque match ; en équipe de France non plus. Mais l'idée n'est pas de dire à mes joueurs "on laisse le ballon". Je n'ai pas de consignes restrictives, bien au contraire, que ce soit pour les joueurs défensifs ou offensifs. Toutes les équipes que j'ai composées l'ont été pour marquer des buts. C'est toujours la première idée.

Lors d'un entretien croisé avec Jean-Claude Suaudeau, dans "France Football" (en 2011), vous aviez déclaré que le milieu n'était pas une zone de vérité justement. Et il n'était pas du tout d'accord avec vous.

Le milieu ne peut pas être une zone de vérité mais une zone d'influence. Il ne permet pas d'être bon dans les deux surfaces. Je n'ai pas inventé le foot, la vérité est toujours dans les deux surfaces. Mais oui, le milieu doit vous amener du liant, un bon soutien offensif tout en offrant une protection défensive. Mais ce n'est pas ça qui vous fera gagner un match.

Vous êtes donc allergique au football de possession pure ?

J'ai beaucoup de respect pour ceux qui pratiquent ce jeu avec efficacité. En revanche, la possession stérile ne m'intéresse pas. Si c'est pour se faire des "pa-passes" qui n'amènent rien, je préfère un joueur qui tente une passe verticale qui élimine les lignes. Mais je ne pense pas que les entraîneurs adeptes de cette stratégie pensent différemment. Eux aussi attendent des décalages pour marquer des buts, ce qu'une longue série de passes ne garantit pas forcément. Ce qui m'impressionnait dans le Barça de Guardiola, c'est ce qui était mis en place à la perte du ballon, cela le rendait redoutable. J'aime beaucoup (ce pressing haut) mais il faut le faire immédiatement, sinon c'est trop tard et ce n'est plus possible. Je le demande systématiquement à mes joueurs, à condition que ce soit celui qui est le plus proche du porteur qui le déclenche. Si on a un peu de retard, cela ne sert à rien de rester entre deux. On l'a vu lors de la dernière Coupe du monde, toutes les équipes qui sont restées entre les deux se sont fait broyer. Ou c'est haut ou c'est bas, mais pas entre les deux car cela laisse trop d'espaces et de profondeur.

Ce n'est pas un discours très dogmatique justement.

Cela n'empêche pas mes équipes de marquer des buts. En cent matches avec l'équipe de France, on ne doit pas être loin d'une moyenne de deux buts par match (195 buts). L'équipe de France a été restrictive à la Coupe du monde ? Elle a mis 14 buts en phase finale, dont quatre en finale (4-2 contre la Croatie). Et ce ne sont pas les adversaires qui nous les ont donnés. On a marqué sur coups de pied arrêtés, sur des attaques rapides, placées aussi. L'exemple n°1 à retenir, c'est le but de Pavard contre l'Argentine : le ballon part de Lloris, alors que l'Argentine est dans sa moitié de terrain, passe par Varane, Matuidi et cela se termine par un centre de l'arrière gauche (Lucas Hernandez) pour l'arrière droit, qui marque.

Vous n'avez pas toujours bien vécu les critiques

Elles m'atteignent de moins en moins. Elles glissent même sur moi.

Depuis 2018 et le titre de champion du monde qui a validé vos idées ?

Bien avant. Avant l'Euro 2016 même. L'âge, sûrement... Je ne cache pas que j'étais plus susceptible, voire très susceptible par rapport à ce qui pouvait être dit et que je trouvais injuste. Cela ne me pose plus de souci.

Quand vous avez obtenu votre DEPF, vos formateurs ont dit que vous étiez l'héritier d'Aimé Jacquet. C'est un compliment pour vous ?

(Il rit.) Cela n'a pas l'air de l'être pour vous. Je ne le prends pas pour une insulte, bien au contraire. J'ai beaucoup de respect pour Aimé. Il a ma reconnaissance éternelle. Je ne fais pas toujours les choses comme lui car ce n'est pas la même période, pas les mêmes joueurs, ni le même fonctionnement. Mais j'ai gardé certaines choses importantes, en les modifiant un peu. À un moment, j'ai joué dans le système qui nous avait permis de gagner la Coupe du monde 1998, notamment lors du barrage retour contre l'Ukraine en 2013 (3-0, avec un milieu à trois). Lors de ce match, on devait trouver une efficacité et un équilibre entre marquer à tout prix au moins deux buts et ne pas en prendre. L'un va à l'encontre de l'autre et l'idée était d'avoir une équipe offensive qui ne devait pas encaisser de buts. J'ai aligné un système qui ne paraissait pas le plus offensif mais c'est celui qui s'est avéré le plus efficace et qui nous a permis de nous qualifier.

Aligner Blaise Matuidi dans un rôle de milieu "offensif" ou Moussa Sissoko à droite dans le même système ne relève pas de l'audace... Face à une petite Suède, en match de qualifications pour le Mondial 2018 (1-2), vous aviez la possibilité de remporter le match mais vous avez semblé vouloir gérer...

C'est quoi l'audace ? Est-ce que cela donne toujours raison ? La seule chose qui vient valider l'audace, c'est le résultat ! L'audace, on peut l'avoir à tout moment. Je pense en avoir eu. Contre la Suède, qui sera quelques mois plus tard quart-finaliste de la Coupe du monde, on a été les plus dangereux dans le dernier quart d'heure. Peu importent les joueurs alignés, on a obligé les Suédois à défendre. Nous étions plus près de marquer le deuxième but qu'eux et cela bascule sur l'erreur d'Hugo. O.K., le résultat me donne tort. Mais dans l'analyse, je ne peux m'arrêter qu'au résultat. On avait fait ce que qu'on devait. En faisant différemment, est-ce que le résultat aurait été différent ? Personne ne le sait.

Vous avez déclaré qu'à la fin d'une carrière, ce qui reste, ce sont les titres. Ce n'est pas tout à fait vrai, on peut laisser aussi l'idée d'un jeu, d'une pensée.

En toute modestie, ce dont on se souviendra, c'est ce que j'ai connu en équipe de France, une fois dans ma première vie, une deuxième fois dans ma seconde vie.

Quelle est la différence entre le Deschamps qui débute sur le banc à Monaco en 2001 et celui de 2020 ?

Il n'y a pas photo. J'avais plein d'idées mais ce n'était pas bien rangé. J'arrivais de l'étranger (Valence CF, le dernier club de sa carrière de joueur), je ne savais plus ce qu'était la L1, j'ai dû faire mes classes en accéléré. J'ai emmagasiné de l'expérience, enregistré des situations, dans la gestion humaine et les choix tactiques, qui se sont répétées trois, quatre, cinq ou six fois. Elles ne me permettent pas de savoir ce que je dois faire mais ce que je ne dois pas faire. C'est déjà pas mal. Tactiquement, je n'ai rien mis de côté. Je peux mettre un système en sourdine quand il ne correspond pas aux joueurs que j'ai. Parfois, des schémas fonctionnent seulement un match, il y a des one-shot et il faut trouver autre chose ensuite. Et quand on trouve quelque chose qui fonctionne, pourquoi changer ? Ce n'est pas pour autant qu'il faut rester figé, il faut toujours être en réflexion et s'adapter.

Sélectionneur ou entraîneur de club, quelle position préférez-vous ?

Les deux postes m'ont convenu. L'un m'a permis de me construire, et j'apprécie aussi ma vie de sélectionneur, avec des exigences plus élevées mais moins de temps pour mettre en place des séances comme je le voudrais. Un club c'est H24. On est comme dans un tambour de machine à laver. La sélection, c'est plus court, plus intense et elle intéresse la France entière. On peut toujours changer de club ; en sélection, c'est plus compliqué. Il faut le fameux mot magique, les résultats. »
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar randoulou » 20 Avr 2020, 15:47

Kenshi, merci !!
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar boodream » 20 Mai 2020, 13:29

Je plussoie les remerciements.
«On a fait une erreur dans ce mercato, c'est d'avoir eu des discussions avec un joueurs qui ont trop duré. Et ça, c'est une erreur qu'on essaiera de ne pas reproduire» :eyraud:
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar dxd92 » 24 Aoû 2020, 12:31

Alors, c'est quoi leur une a ces tocards ?
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar oukimaya » 24 Aoû 2020, 12:40

INCONSOLABLE , avec Neymar en gros plan :lol:
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar gob » 24 Aoû 2020, 12:46

Dans inconsolables, y’a cons.
Parfaitement adapté.
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar alexduke » 25 Aoû 2020, 14:59

Je l'avais pas vu la Une de l'Equipe du jour de la finale
https://unes-et-photos.lequipe.fr/unes/ ... 2020-08-23
:pong: :pong: :pong:

Il y a tout, le photoshop de la main de MBappe digne d'un Rocca, la symbologie du sommet avec la légende, dont tu te demandes vraiment ce qu'elle vient faire là.
C'est nul de chez nul. C'est pas en plus comme s'ils avaient eu 3 ou 4 jours pour y réfléchir.
DAESH, ALQAEDA et autres extremistes sans courage, degagez de notre planete!!
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar aristote2 » 11 Jan 2021, 15:02

Le quotidien sportif national ne parait pas depuis 3 jours pour cause de grève.
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar jarlandine » 11 Jan 2021, 16:16

Cause plan de sauvegarde prévoyant une quarantaine de licenciements dus à la baisse des ventes depuis l' arrêt des compétitions ....
" L’équité, c’est une certaine logique, du bon sens, alors que l’égalité est impossible, dans le football." Pape Diouf :diouf:
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar Arno26 » 14 Jan 2021, 22:07

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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar boodream » 15 Jan 2021, 15:47

Passionnante interview de Thierry Henry dans So Foot. Le bonhomme est clivant, mais je le trouve toujours très pertinent dans ses propos. Assez fou qu'un type qui a accompli autant de choses qu'Henry soit relativement boudé en France.

https://www.sofoot.com/thierry-henry-po ... 94070.html
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar gaby » 15 Jan 2021, 16:08

boodream, je trouve le mec parfaitement antipathique et imbu de lui-même. Il donne pas forcément envie.
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar randoulou » 15 Jan 2021, 16:58

Le discours est intéressant. Par contre, comme dit gaby, il a un putain de melon qui le rend un peu insupportable

De plus, il y a d'un côté le discours et de l'autre l'application sur le terrain, et à ce niveau, c'est un flop. Même en MLS, je le trouve bof. À sa décharge, c'était une saison avec des conditions hyper bizarres
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar Herpès Léonard » 15 Jan 2021, 19:24

"Dire c'est faire rire, Faire c'est faire taire." :eyraud:

Quant à ceux qui se sentent persécutés par les Qatarix, c'est un peu comme se faire narguer parce que sa meuf est chiante par un mec qui va aux putes. Screw them. @Boodream
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar boodream » 15 Jan 2021, 19:27

gaby, oui, il est clivant. Cela dit j'ai quand même du mal à me dire qu'un connard comme Anelka par exemple soit plus aimé par certains en France que lui, avec documentaire Netflix à sa gloire et tout et tout. Henry est un un authentique champion, indépendamment du reste. Même ça ne le rend pas sympathique.
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar randoulou » 15 Jan 2021, 19:33

boodream, je trouve Anelka pire personnellement. Tu penses qu'il est plus aimé que Henry ?
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Re: [L'ÉQUIPE, SO FOOT...] Topic de la presse écrite

Messagepar Kenshi » 15 Jan 2021, 19:39

Ouais pour le coup je suis loin d'être convaincu de ça, Anelka était un des joueurs les moins aimés en France du temps où il jouait, je doute que ça ait changé depuis sa retraite.
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Kenshi
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