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Robinio Vaz, la révélation de l'OM qui s'amusait sur les terrains d'Ile-de-France
Auteur de deux buts et de deux passes décisives en L1, Robinio Vaz, l'attaquant de 18 ans, est la révélation de ce début de saison marseillais. En toute décontraction.
Sur les pelouses des Yvelines, Robinio et Rooney martyrisent les défenses adverses, ils n'en finissent plus de casser les cages. Ils sont loin de Santiago-Bernabeu et d'Old Trafford, mais ils s'en moquent, ils s'amusent comme des petits fous, ils entament à peine l'adolescence et ils portent le FC Mantois 78 sur le toit de leur monde.
« Rooney et Robinio, ils marquaient tout le temps, ils nous gagnaient les matches à eux deux », sourit Saidou Dia, leur entraîneur chez les U12. Robinio Vaz et son camarade Rooney Betuncal appartiennent à des familles originaires de Guinée-Bissau, leur prénom renvoie à ces soirées de Ligue de champions qui égayent un quotidien modeste. Vaz est né à Mantes-la-Jolie, il a grandi au Val Fourré, tour Véga, son papa travaille à l'usine, il a pris aujourd'hui sa retraite, sa maman officie dans une école primaire. L'idole paternelle est Robinho, alors au Real Madrid, et le foot, une religion à la maison.
Des résultats scolaires qui l'ont pénalisé
Proche du foyer, membre de cette même communauté des Yvelines, Edmond Mendy conseille les Vaz depuis quelques années. Il dit : « Robinio, le foot, c'est toute sa vie. Le stade était à cinq minutes de chez lui. Et quand il n'était pas là-bas, avec le club, il jouait avec ses copains au quartier. Mais ses résultats scolaires n'étaient pas vraiment au niveau, cela l'a pénalisé quand des grands centres de formation (le PSG, Lyon) s'étaient intéressés à lui. Il a finalement signé à Sochaux en 2022. C'était loin de chez lui, mais le cadre était parfait au château de Seloncourt. Il a dû découvrir un nouveau cadre, apprendre la vie en collectivité, de nouvelles règles. »
L'heure du coucher fluctuante, l'obligation de rendre son téléphone parfois zappée... Vaz teste parfois l'encadrement sochalien. « Il avait ses petits soucis sur la scolarité, avec les surveillants, se souvient Sylvain Monsoreau, entraîneur de la réserve doubiste. Rien de bien méchant, il était juste un peu trop en confiance, il a vite gommé ce type de comportements. »
Originaire des Yvelines, lui aussi, Monsoreau échange parfois avec Vaz, sur l'idée de « servir de modèle aux jeunes de Mantes, qui n'ont pas la même vie que lui. Canaliser son insouciance, car sa simplicité est marquante ». Un grand sourire en bandoulière, une capacité à vite chambrer tout le vestiaire de la réserve de Sochaux quelques jours après son premier entraînement, Vaz se sent vite chez lui, partout.
À l'OM, un an après son arrivée et son premier contrat pro, sa décontraction continue de surprendre. Après son premier but en pro contre le Paris FC (5-2), le 23 août, il a demandé l'autorisation d'aller voir ses copains en U19, face Bastia (4-0). Et il a fêté la victoire avec eux, fada en transe, comme s'il venait de jouer la rencontre. Le 16 septembre, à Madrid, il a souhaité assister à la prestation des minots en Youth League (2-3), mais s'est heurté à un refus logique : il était dans le groupe pour affronter le Real, le soir même (1-2).
Un jeu de tête qui fait des envieux
Quand on le croise à la sortie d'un match ou lors d'une interview sur le gazon soigné d'un hôtel andorran, l'attaquant de 18 ans prend du champ, pas question de toiser ou d'en rajouter. Sa principale qualité ? « La vitesse. » Son défaut ? « Les retours défensifs ! » Sa spontanéité, de peu de mots, fait marrer son collègue Keyliane Abdallah, vainqueur de la Gambardella avec l'OM en 2024. Abdallah piquerait bien « le jeu de tête de Robinio (1,85 m), il est très fort dans ce domaine ». Sylvain Monsoreau abonde : « Lors d'un match de préparation contre la réserve de Saint-Etienne, à l'été 2024, il avait marqué de la tête sur un coup franc excentré, il était tellement heureux ! Ce fut sa dernière rencontre, dans la foulée, il est parti à Marseille et on était vraiment fiers de lui. »
École d'excellence soignée par ses anciens, comme Michaël Isabey qui chaperonne les U17, Pierre-Alain Frau qui guide les U19, ou encore Éric Hély, jamais très loin, le FC Sochaux évolue désormais en National et il lui est difficile de polir très longtemps ses diamants. À l'été 2023, le club doubiste est menacé de dépôt de bilan, les jeunes sont libres de quitter le navire, Vaz a la permission d'effectuer une visite à Lorient, organisée par un recruteur, Ali Zarrak. Sochaux ne coule pas, finalement, Vaz reste, mais Zarrak, qui a rejoint l'OM fin 2023, n'a pas oublié le gamin et poussera pour le recruter.
« Passer de Sochaux à l'OM, c'est un énorme écart de niveau, mais il est d'abord venu pour jouer avec la Pro 2, se souvient Mendy. Il y avait Ali, avec lequel le courant était bien passé, le coach, c'était Jean-Pierre Papin, il n'y a pas besoin d'en rajouter. Après avoir eu Pierre-Alain Frau à Sochaux, il allait pouvoir bénéficier des conseils d'un autre ancien attaquant, un très, très grand buteur. » Et cette saison, « Aubame l'a pris sous son aile, et ça lui fait plaisir de voir son poulain suivre son modèle, d'autant qu'ils évoluent dans un registre proche », ajoute Monsoreau, ex-coéquipier de Pierre-Emerick Aubameyang à Saint-Etienne.
Choyé par le staff et ses coéquipiers, Vaz les fait danser sur le terrain, et en dehors, comme face au Havre (6-2, le 18 octobre), il ne doute de rien, et surtout pas de la suite. Dia, le mentor du FC Mantois, tente de décrypter ce détachement si bénéfique, une dernière fois : « Robinio ne semble ressentir aucune pression au Vélodrome. La différence s'est peut-être faite pendant les vacances, à l'adolescence, il y avait souvent des matches de quartiers, entre villes ou entre départements, le 78 contre le 92, etc. Quand tu joues ces matches-là, avec tous les jeunes autour, tu as beaucoup, beaucoup plus de pression que dans un stade. Le moindre crochet, le moindre dribble que tu te prends, tu en entends parler pendant des mois. » À propos de ce Vaz si précieux, les récits et légendes urbaines devraient durer