CDM féminine : pour qui la 3e place ?

 « Petite finale », celle des vaincues s’affrontant pour une honorifique 3e place ce samedi à Nice (17h) entre l’Angleterre et la Suède. Les Three Lionesses tenteront de faire aussi bien qu’en 2015, et les Blågult qu’en 2011. La victoire reviendra sans doute à l’équipe la moins épuisée physiquement et mentalement…

Samedi 6 juillet  –  17 h  –  Stade de Nice

ANGLETERRE   –   SUÈDE

 Il y a toujours deux sortes de prétendants à la 3e place d’une coupe du monde lors du match dit de classement : ceux qui, tout heureux d’être parvenus à ce stade de la compétition, n’en attendaient pas autant et abordent du coup cet ultime rendez-vous le cœur léger et l’esprit motivé. Et puis ceux qui, à l’inverse, ont vu leurs espoirs de titre mondial s’envoler en demi-finale, parfois – souvent – au terme d’une rencontre aux accents tragiques, et régulièrement vécue comme « si injuste »…

L’Angleterre comme en 2015 ?

 L’Angleterre du mondial 2015, parvenue en demi-finale deux ans après un Euro catastrophique (pas sortie de sa poule), releva des deux catégories à la fois. La perspective inespérée d’une 3e place en regard des espoirs réduits placés sur la sélection avant le tournoi, mais aussi une immense déception due aux circonstances de son élimination à l’avant-dernière étape : un but contre son camp de la malheureuse défenseure Laura Bassett dans le temps additionnel, offrant au Japon le sésame vers la finale (1-2). Difficile de trouver scénario plus tragique ! Pire qu’une élimination aux tirs au but… Ce fut pourtant ce sentiment d’injustice, associée au désir d’offrir cette 3e place à la pauvre Bassett, joueuse d’expérience et exemplaire sur bien des points, qui constitua le moteur principal permettant à l’Angleterre de venir à bout des championnes d’Europe allemandes en prolongation (1-0), et de décrocher ainsi le meilleur classement de son histoire lors d’une coupe du monde…
Quatre ans plus tard, dans quelles dispositions sont les Three Lionesses à l’heure de disputer une deuxième petite finale consécutive ? Cette fois, l’Angleterre ne visait pas, au départ de la compétition, de faire le mieux possible en espérant un quart de finale. Non, le sélectionneur Phil Neville avait clairement annoncé la couleur : lui et ses joueuses venaient en France pour remporter le titre. Et comment donner tort à une telle ambition ? Troisième donc de l’édition précédente, demi-finaliste de l’Euro 2017, vainqueur de la SheBelieves Cup 2019, 3e au classement mondial FIFA, oui, l’Angleterre pouvait raisonnablement viser au plus haut. Et son parcours impeccable durant la compétition (5 victoires en 5 matchs, avec 4 cleans sheets sur les quatre derniers) avant d’affronter les tenantes du titre états-uniennes, renforçait encore la certitude que 2019 serait l’année d’un premier titre mondial pour l’Angleterre… Mais un match en dedans le jour J, un changement tactique inapproprié et une décision arbitrale contestée ont brisé le rêve des joueuses d’outre-Manche…

Alors ? Quel sera l’état d’esprit des Anglaises ce samedi, sur le coup de 17h ? Moral en berne et démotivation ? Ou volonté de démontrer qu’elles avaient leur place en finale ? Je parierais bien pour la deuxième hypothèse. Qui pourrait s’agrémenter d’un désir supplémentaire d’assurer à Ellen White le Soulier d’or de la coupe du monde. Avec ses six buts inscrits, elle n’est actuellement que deuxième derrière Alex Morgan, même nombre de buts, mais une nette différence en passes décisives (zéro pour White, trois pour l’attaquante des USA qui aura elle aussi encore un match, la finale, pour améliorer ses scores).

Les Three Lionesses retrouveront-elles une joie momentanément perdue ?

Résultats précédents

Angleterre 2-1 Écosse
Angleterre 1-0 Argentine
Angleterre 2-0 Japon
Angleterre 3-0 Cameroun – 8e F
Angleterre 3-0 Norvège – 1/4 F
Angleterre 1-2 États-Unis – 1/2 F
6 M, 5 V, 0 N, 1 D, 12 bp, 3 bc, +9

Meilleure buteuse : White 6 buts.
Meilleure passeuse : Mead – 3 passes décisives.

… ou la Suède comme en 2011 ?

 Quelles étaient les ambitions réelles des Suédoises au départ du tournoi ? Faire mieux qu’en 2015 (éliminées dès les 8es par l’Allemagne 1-4) ? Surement… Aussi bien qu’aux J.O. de Rio 2016 (médaille d’argent, battue en finale par… l’Allemagne 1-2) ? Peut-être… Mieux qu’à l’Euro 2017 (sortie en QF par les Pays-Bas 0-2) ? Allez savoir… Comme exposé dans mon article de présentation de leur demi-finale, avec les Suédoises on ne sait jamais exactement à quoi s’attendre. Mais elles, le savent-elles ? Quels étaient leurs vrais espoirs ? Peu importe, à vrai dire, l’appétit venant en mangeant. Et les Blågult ne se sont pas privées de faire honneur au festin proposé. Passé un premier tour en guise de hors-d’œuvre, la Suède a tout de même écarté de sa route le Canada (1-0), puis sa bête noire l’Allemagne (2-1), deux nations mieux placées qu’elle au classement FIFA. Arriver dans ces circonstances en demi-finale signifiait déjà une coupe du monde réussie.

Une fois encore elle n’était pas favorite avant de jouer les Pays-Bas, championnes d’Europe en titre, leur bourreau de 2017. Pourtant, au bout d’un match très soporifique, il n’eût pas été illogique du tout de la voir accéder à la deuxième finale mondiale de son histoire, après celle de 2003. Car elle s’était montrée moins médiocre que son adversaire. Mais le pied droit de Jackie Groenen en voulut autrement, et voilà la Suède qui, comme en 2011 après son élimination (très logique, elle) par le Japon (1-3), se retrouve à disputer la petite finale. Avec pour but ultime dans la compétition d’éviter de rentrer au pays avec la médaille en chocolat…

Si les Suédoises ont de quoi en avoir pris un gros coup au moral, un élément majeur jouera sans doute en faveur d’une remobilisation de l’effectif. Ce match de classement sera aussi un adieu définitif à cette magnifique épreuve qu’est la coupe du monde pour plusieurs joueuses-cadres et emblématiques de l’effectif : de la capitaine Caroline Seger (34 ans) à la gardienne Hedvig Lindahl (36 ans), en passant par Nilla Fischer (35), Linda Sembrant (32) et peut-être Kosovare Asllani (30)… Il n’est pas impossible – mais rien n’est moins certain pour autant – qu’on les revoie l’an prochain à Tokyo pour un dernier tour de piste. Mais après tout, comme il s’agit de la Suède, allez savoir si elles ne pousseront pas jusqu’à l’Euro 2021…

Chez les Blågult, « bloc collectif » n’est pas une expression galvaudée.

Résultats précédents

Suède 2-0 Chili
Suède 5-1 Thaïlande
Suède 0-2 Usa
Suède 1-0 Canada – 8e F
Suède 2-1 Allemagne – 1/4 F
Suède 0-1 Pays-Bas – 1/2F
6 M, 5 V, 0 N, 1 D, 10 bp, 5 bc, +5

Meilleure buteuse : Asllani et Blackstenius 2 buts
Meilleure passeuse : Anvegard, Asllani,Eriksson, RubenssonSembrant, Dangda – 1 passe décisive.

Précédentes confrontations en CdM

Aucune

Prono : Angleterre

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A propos de Philippe Serve


Supporter de l'OM depuis sa finale victorieuse en Coupe de France en 1969. Tombé amoureux du foot féminin, un peu d'abord en 2007 et 2008, définitivement en 2011. Ai suivi pendant 4 ans au plus près l'OM féminin via mon site Olympiennes et Marseillaises. Assume complètement d'être supporter à la fois de l'OM ET de l'OGCN, club de ma ville natale ! Informe au quotidien sur tout le foot féminin, mais aussi sur l'actualité la plus diverse via mon compte perso Twitter @Olympiennes
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