SRFC-OM : Sardine-lad vs Rennes-man

Marseille et Rennes sont deux équipes où l’instabilité dans l’organigramme semble être devenue une règle.  Avec chacune un nouvel entraîneur, laquelle des deux équipes s’en sortira le mieux cette année ?

Le passif des deux clubs du jour

Marseille et Rennes sont deux équipes qui n’ont pas connu de progression régulière en Ligue 1 depuis des années. Le dernier bon classement de Rennes (quatrième), date de 2007. Depuis, ils oscillent entre la sixième et la dixième place. L’OM de son coté alterne les saisons mauvaises (treizième place l’an dernier), avec les saisons miraculeuses (la deuxième place sous Baup). Ainsi, ces deux clubs sont des spécialistes des saisons dites de transition. Les dirigeants annoncent vouloir poser des bases pour construire dans l’avenir. Puis ils rasent tout la saison suivante ou celle d’après pour repartir de zéro.

Ces retours constants à la case départ sont en parti dus à l’instabilité des directions des deux clubs : de chaque cotés, trois présidents se sont succédés en cinq ans. Mais les Bretons restent un peu plus sérieux quand il s’agit de l’entraîneur : «seulement» quatre en cinq ans, contre six pour les Marseillais. un autre raison est les luttes internes dues aux intrigants : Dreossi et Courbis à Rennes. Inutile de nommer ceux responsables à l’OM, laissons la justice faire son travail.

N’arrivant pas à construire sur la durée, les dirigeants successifs ont tout essayé pour réussir rapidement.

• Recruter des noms : Gilbert Philippe Montanier d’un coté, Jackie et Michel tout court de l’autre. Ceux-là n’ont pas atteint les objectifs qui leur avaient été fixés (l’euphémisme est de rigueur ici) en corrélation avec leur statut d’entraîneur-star.
• Recruter des chauves, spécialistes autoproclamés de la ligue 1, et commentateurs TV quand plus personne ne veut d’eux : Antonetti et Baup. Capables d’un miracle sur une saison, mais incapables de mener un projet sur plusieurs années.
• Et pour rajouter une petite odeur de souffre, on notera le passage furtif sur le banc de personnalités qui doivent aujourd’hui connaitre par cœur le commissariat de Marseille :  Roland Courbis et José Anigo.

C’est ainsi que l’on arrive à la situation actuelle. Les derniers dirigeants mis en place par les actionnaires ont choisi des entraîneurs «du cru» : Christian Gourcuff et Franck Passi.

L’opposition de style

Du coté de l’Armorique, le président Ruello a opté pour Gourcuff le Breton. Ancien de la maison  -il avait déjà passé la saison 2001-2002 au Parc de la Route de Lorient- cet ancien professeur de mathématique, obsédé des chiffres, a les pleins pouvoirs sportifs. Il est considéré comme un intellectuel du football. Il doit cette réputation à son passé d’enseignant, sa capacité à écrire lui-même des chroniques foot publiées un temps dans Le Monde, son obsession à construire une identité de jeu avec ses équipes, et la réputation qui découle de cette obsession : il est présenté dans les médias comme un des derniers défenseurs de l’esprit du jeu à la Nantaise.

Cependant, la qualité d’un entraineur ne se mesure pas qu’à sa réputation et sa philosophie de jeu, mais aussi à son palmarès. Il est champion de national avec Lorient, et vice-champion du Qatar lorsqu’il entraînait Al-Gharafa. L’exploit le plus improbable a été sa capacité à maintenir Lorient en Ligue 1 de longues années. Par le passé, il n’a vraiment échoué que dans un club : à Rennes justement, lors de la saison 2001-2002. Qui est aussi par ailleurs le club le plus médiatique qu’il ait entrainé. Ce palmarès en fait un bon entraineur pour petit club, et l’avenir nous dira s’il peut imposer ses idées dans un club instable et sous l’œil constant des médias.

Vous aussi vous le sentez n’est-ce-pas ? Le sourire sadique du prof de math qui se réjoui du piège caché dans l’énoncé de la question 4.

M. Ciccolunghi, ou Margarita Louis-Dreyfus, ou le conseil de surveillance, ou M. Labrune, à moins que ce ne soit le jardinier du Vélodrome, a laissé Franck Passi seul dans le bureau de l’entraineur cet été après son interim de fin de saison 2015-2016. Il s’est retrouvé de fait à diriger l’équipe première. Ce brave garçon est l’homme à tout faire de la maison olympienne : adjoint-suppléant de Michel, adjoint-traducteur de Bielsa, adjoint-ramasseur de balle de Baup, adjoint-majordome d’Anigo, recruteur-superviseur des adversaires, et entraîneur de la réserve.

Son palmarès se résume à un titre de champion de DH avec les minots de l’OM, dont il avait pris la tête alors qu’il venait d’être engagé par le club pour rejoindre la cellule de recrutement. Il est aussi finaliste de la Coupe de France 2016 face à Paris. Mais c’est là un souvenir que tout Marseillais cherche à oublier, nous n’allons donc pas nous attarder dessus. A ses premières conférences de presse en tant qu’entraîneur principal, il s’est déclaré se sentir prêt à jouer le premier rôle. Lorsque Bielsa a failli rejoindre la Lazio de Rome, il a voulu avoir Passi comme adjoint. C’est un signe que le Bergeracois (oui, il est né à Bergerac) a des qualités en tant qu’adjoint. Seulement, Bielsa aime que ceux sous ses ordres appliquent ses consignes à la lettre, sans poser de question. Il aime des adjoints «aux ordres», qui soient de bons petits soldats. Et si un petit soldat peut apporter une contribution à l’effort de guerre, ça ne veut pas dire qu’il a les capacités pour prendre la place du général.

Et ça, malheureusement, Franck Passi, et les dirigeants qui l’ont mis à ce poste, ne semblent pas vouloir le comprendre.

Quand l’imbécile montre le doigt, la lune regarde le singe. Ou à peu près.

L’état des deux équipes avant le match

Rennes a mieux démarré le championnat que l’OM. Mais de peu : deux défaites, un nul, et deux victoires. La dernière défaite date d’il y a quelques jours, 3-0 face à Monaco. Et non content d’avoir perdu, les rennais se sont offert un mini-drame. Ntep, auteur d’une carrière footballistique que seul Rabillard lui envie, s’en est pris à son entraîneur dans la presse, coupable selon lui de lui demander de faire des appels en profondeur (un comble pour un attaquant !) et donc le forçant à ne jouer que sur sa vitesse.

Malheureusement pour Passi, le vestiaire rennais ne brûlera pas mercredi. Christian Gourcuff a rapidement calmé tout le monde. Ou plutôt, il a rapidement calmé la presse qui commençait à préparer des unes racoleuses. Il a vite apaisé la situation en parlant d’immaturité de son attaquant et en rejetant toute la faute de la polémique sur les journalistes : « c’est vous qui la créez ».
A l’instar de Passi, il a aussi fait jouer son équipe lors du dernier match en 4-4-2. Suite à la défaite, il a dû s’en justifier en conférence de presse avec un ton très agressif : « Si vous n’avez pas vu que l’on a joué en 4-4-2 à Monaco, je ne peux pas faire grand-chose pour vous », ce qui démontre peut-être une nervosité importante. Là se trouve la chance de Passi. Si Gourcuff s’énerve et perd son sang froid, il pourrait faire des erreurs de managements et ce sera à l’OM d’en profiter ce mercredi. Et là où se trouve la malchance de Passi, c’est qu’il a surtout privilégié les joueurs défensifs dans son système de jeu. Six joueurs avec une formation de défenseur central ou défenseur latéral, et deux milieux de terrain défensifs. Ce ne sera donc pas facile de marquer pour l’OM, vu la stérilité de nos attaquants.

Illustration d’une mise en place tactique du jeu à la nantaise, par Christian Gourcuff.

Illustration d’une séance de mise en place tactique à l’OM.

« On est en nette progression ». Franck Passi l’a affirmé après le 0-0 de son équipe face à l’OL. Et nous ne pouvons pas lui reprocher de mentir : après une défaite face à Nice, l’OM a obtenu un match nul. Il y a donc une progression au niveau des points pris en championnat. Car l’entraîneur phocéen ne peut pas parler du jeu qu’il a mis en place. Il n’y en a pas. Passes ratées, approximations défensives, schéma tactique inadapté aux joueurs et à la tactique de l’adversaire. Il peut pour le moment se plaindre qu’il lui manque encore ses joueurs-cadres préférés : Diarra, Fanni, Alessandrini. Car il ne plaisante pas : il a déclaré ce lundi à propos de la charnière centrale « Quand Fanni reviendra, il faudra faire tourner pour que tout le monde ait du temps de jeu ».

Il a aussi affirmé «Je pense qu’il y aura des retouches dans l’équipe qui affrontera Rennes». Après un match catastrophique, et à deux jours de la journée suivante, il est encore au stade de penser. Un entraîneur d’équipe première, à ce stade-là doit déjà être en train d’agir !

Le Lotofoot 

Sur les dix derniers Rennes-OM, les Marseillais sont ceux qui comptent le plus de victoires : trois, contre deux. Et donc cinq matchs nuls. Rennes a pour le moment gagné ses deux matchs joués dans leur stade, en n’encaissant aucun but ! Et Christian Gourcuff ne devrait pas avoir de mal à garder ses nerfs d’ici mercredi soir. Coté OM, Franck Passi n’est pas devenu un génie tactique en se levant ce matin, et ses joueurs n’ont pas le niveau L1. Ajoutez à cela leur difficulté à marquer, le conseil du jour est de miser sur un nul ou une victoire à domicile.

Anecdotes rennaises :

• Le deuxième but de l’histoire du SRFC a été marqué par un nazi. Une bonne motivation pour aller les battre chez eux !
• Le nouveau nom du stade municipal de Rennes est le Roazhon Park. Roazhon n’est pas un animal de la mythologie celte, ni le nom d’un alcool local à base de plume d’oiseaux, de fumier de porc et de pommes fermentés. C’est juste le nom breton de Rennes. C’est tout simple et plus logique que le nom précédent : Stade de la route de Lorient.
• La tribune Sud est surnommée la tribune vilaine. Bien qu’elle soit laide, elle doit son surnom à la rivière qui la longe.