OGCN (3-2) OM : « I want to believe… »

Malgré l’amertume de la défaite, ce match a laissé entrevoir de vrais motifs d’espoir. Pas question de podium évidemment. Néanmoins, le film d’horreur gore anticipé par tout le peuple phocéen en guise de saison de L1 pourrait s’avérer n’être qu’une petite série à suspense. Un show sans génie, mais résolument accrocheur.

MVP

Au sein d’un groupe enfin solidaire et concerné, deux joueurs nous semblent devoir être distingués, pas tant pour leurs coups d’éclat que pour leur abnégation et leur apport inestimable à l’organisation tactique et au bien collectif.

Les deux peuvent bien sûr également être critiqués pour leur manque d’efficacité dans le dernier geste.

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Gomis

Dans un rôle de point d’ancrage offensif et de pivot, jouant quasiment tout le match dos au but, la panthère s’est battue crocs et griffes pour remettre en déviation des ballons importants à ses collègues d’attaque Leya Iseka et surtout Thauvin, leur permettant de se mettre en valeur. L’entente de ces trois-là a fait plaisir et laissé entrevoir quelques belles promesses, une fois les automatismes acquis.

Il a de plus transformé sans trembler un penalty importantissime (et vu son attitude sur celui tiré par Balotelli, il n’avait pas intérêt à rater le sien).

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Thauvin

En net progrès sur le plan technique et revenu à de meilleures intentions collectives, Florian a enfin fait ce qu’on attendait de lui (et que beaucoup n’attendaient plus). Il a créé des brèches par des courses intelligentes et des ouvertures lumineuses offrant en particulier trois « caviars » à ses partenaires en début de seconde période, qui auraient pu/dû changer le sort du match.

Un peu moins de précipitation dans le dernier geste et il pourrait bien finir par réaliser le potentiel qu’on sentait en lui à ses débuts, même s’il est un peu retombé dans ses travers de soliste en toute fin de partie.


Le boulet

D’aucuns auraient volontiers mis au pilori Pelé pour sa faute sur le dernier but, mais la défense dans son ensemble et les latéraux en particulier ont péché de différentes façons, et ce sont ces derniers qui décrochent la timbale, ou plutôt la chaîne de boulets du match.

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Rekik

Il est lent, on le sait. Le voir se faire déborder si facilement par Ricardo Pereira pour l’égalisation niçoise n’a donc surpris personne (sauf peut-être son entraîneur qui le trouve bon à ce poste), mais n’en était pas moins énervant.

Sérieux et appliqué, il n’a pas été franchement mauvais. N’étant cependant pas un spécialiste du poste (contrairement à Hubočan qui y a débuté et l’occupe en sélection), son placement est parfois erratique.

De plus, il n’apporte rien ou presque en phase offensive et sa lenteur le rend inapte face à des ailiers de débordement rapides, comme on a hélas pu le constater…

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Sakai

Tonique et volontaire, se projetant bien vers l’avant, son apport défensif est en revanche très aléatoire et la multiplication de fautes grossières pour compenser son manque d’anticipation finit par être dommageable à l’équipe. Il aurait plus sa place dans une défense à cinq où ses montées seraient couvertes.


Le match

 

Première période

Lucien Favre présentait une équipe en 3-5-2 pour profiter des pointes de vitesse de Dalbert et Pereira. Ce à quoi Passi répondait par le 4-4-2 vu contre Lorient, avec Gomis en pivot et Iseka tournant autour de lui et réintégrant le milieu de terrain à la perte de balle.

Dès le coup d’envoi, le travail et l’envie des Marseillais valident cette tactique.

Un pressing coordonné qu’on n’avait plus vu depuis longtemps permet de bloquer les ailes des Aiglons et Gomis remisant constamment vers ses partenaires envoie Sarr et Thauvin planter les premières banderilles. Le premier débordant à gauche pour centrer sur la tête d’Iseka, de peu au-dessus, le second se trouvant en position de tir sur la droite, mais légèrement hors-jeu, le tout en moins d’une minute.

Il faut attendre 4’30 pour voir le duo Balotelli/Pléa tenter une première incursion, la reprise du premier étant bien sortie par le gardien olympien.

Pourtant, moins d’une minute plus tard, sur une action anodine, Vainqueur dans la surface pousse quelque peu Pléa. Faute vénielle et idiote, car Hubočan écarte le danger, mais que l’arbitre ne va pas se priver de siffler. « Super Mario », concentré malgré les provocations de Gomis, met le ballon tout juste hors de portée des doigts de Pelé qui a bien anticipé : 1 — 0 pour les locaux.

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Les Niçois sont plus à l’aise techniquement, néanmoins les Bleu et Blanc, mieux organisés et plus agressifs, reprennent un ascendant assez net sur le match. En attaque, on se trouve assez bien, même si Sarr disparaît plus ou moins après dix bonnes minutes.

Iseka délivre un superbe centre pour la tête de Thauvin, sans succès (9’30). Cinq minutes plus tard, « Mini Michy » récidive et offre une ouverture parfaitement dosée entre deux défenseurs pour l’ancien Bastiais qui n’a plus qu’à catapulter la balle hors de portée de Cardinale : 1 – 1, et ce n’est que justice (13e).

Dès lors, le technicien suisse a compris la leçon et va demander à ses latéraux de jouer plus bas pour stopper l’hémorragie le long des lignes de touche et les débats vont quelque peu se rééquilibrer.

Le cœur de la bataille va donc se relocaliser au milieu. Zambo Anguissa y démontre des qualités de puissance intéressantes par moments, mais reste bien discret la plupart du temps.

Vainqueur apparaît, quant à lui, clairement à court de compétition. Sans automatismes avec ses partenaires, friable à la récupération ou fébrile lors de certains duels, il laisse pourtant entrevoir une belle capacité à rendre propres des ballons difficiles, et à orienter le jeu de relance avec une clairvoyance qui nous faisait bien défaut.

Il délivre à deux reprises de belles transversales pour Sakai qui sur la seconde ouvre idéalement dans la course de Gomis, lequel dévisse sa frappe (15e).

La défense paraît plus sereine qu’à l’habitude, probablement parce que le pressing volontaire de toute l’équipe la soulage grandement. Les Niçois vont cependant se montrer un peu plus entreprenants et dangereux sur le dernier quart d’heure.

Hubočan et Dória assurent ainsi les tâches courantes de façon plus solide que ce qu’on pouvait craindre face à une équipe capable de coups d’éclat, à défaut de constituer un péril permanent.

Dória va, par exemple, ôter impeccablement la balle des pieds de Pléa au point de penalty sur une frappe de Balotelli repoussée par Pelé.

Pour sa part, le gardien marseillais réussit quelques arrêts de bonne facture sur les tentatives de Super Mario en coup franc (28e), ou suite à la réception d’une passe heureuse de Plea (38e), mais ne paraît pas aussi rassurant que lors de ses derniers matchs.

Certains joueurs semblent avoir disparu des débats, comme Sarr et Anguissa. Côté Rouge et Noir, Balotelli ne court plus et joue à l’expérience. Ça suffira hélas !

Deuxième période

Au retour des vestiaires, Thauvin prend l’organisation du jeu à son compte et en dix minutes offre trois occasions de but à Gomis sur deux ouvertures finaudes et un débordement/centre de la droite. Hélas, Bafé rate de peu les trois offrandes, en manquant son contrôle, en étant trop court ou en mettant son extérieur du pied à côté du but. Rageant.

D’autant que les adversaires ne sont plus en reste et rendent coup pour coup. Le match devient fou avec un enchaînement continu d’attaques/contre-attaques. Les actions dangereuses se succèdent dans les deux camps.

À la cinquante-sixième minute, Passi remplace Leya Iseka – qui ne démérite pas, mais faiblit – par Machach. On pense alors qu’il veut densifier le milieu de terrain pour bloquer le milieu niçois où Kozielo et Cyprien prennent leurs aises.

Vainqueur réussit occasionnellement à mettre le pied sur le ballon et à le ressortir proprement, néanmoins Anguissa a disparu et Machach n’apporte pas grand-chose. Logiquement, l’OM perd la bataille du milieu.

Sur les attaques des Aiglons, la défense tient plus à l’énergie et à la solidarité qu’à la solidité technique. Quand une lame rate le poil, une deuxième voire une troisième la suppléent… À ce jeu-là, Dória récolte d’ailleurs un jaune qui lui vaudra une suspension à venir.

À la soixante-septième minute, Njié remplace Vainqueur, Machach reculant d’un cran, et on revient donc à l’organisation initiale.

Pourquoi ? On peut se poser la question…

Passi semble avoir accepté l’idée de laisser le jeu aux Niçois et de tout miser sur les contres avec Njié, Sarr et Thauvin, forts de leur vitesse. Et ça marche dans un premier temps : deux minutes plus tard, Thauvin transperce le milieu adverse sur un contre, mais oublie Gomis devant lui et Sarr à son côté pour aller s’empaler sur les défenseurs comme à ses pires heures…

Une minute plus tard, c’est Bouna qui monte dans la surface et obtient un penalty que Bafé transforme. On croit le match plié, on a tort.

Dans la foulée, Favre sort Pléa pour Eysseric, Dalbert pour Belhanda et réorganise son équipe (75e). C’est le tournant de la rencontre.

Les Niçois prennent le dessus tactiquement. La défense marseillaise plie sous les coups de boutoir des Aiglons et les carences individuelles refont surface.

Soixante-dix-huitième minute, Pereira déborde Rekik et centre par dessus la tête d’Hubocan pour celle de Balotelli qui marque. Vif, limpide efficace : 2 à 2.

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Trente secondes plus tard, Njié profite de sa vélocité, déborde et remet sur Machach qui tire juste au-dessus des cages. Sarr refait surface en cette fin de match pour quelques débordements en vitesse pure. Sans succès.

C’est la classe qui finit par s’imposer quant à la 86e, Belhanda décale Cyprien d’une superbe talonnade.  Le Guadeloupéen, déjà auteur de plusieurs tentatives de tir, décoche de loin une superbe frappe. Pelé est sur la trajectoire, mais échoue à repousser le danger en essayant de détourner le cuir aux poings plutôt qu’avec la paume de ses mains. Trois à deux pour les locaux, l’OM a laissé passer sa chance.

Rekik est remplacé par Khaoui dans les arrêts de jeu, mais rien ne change plus et le match s’achève sur une défaite rageante, surtout avant la réception de Lyon la semaine prochaine…

Les enseignements du match

Cette confrontation arrivant après une première victoire contre Lorient et une fin de mercato moins catastrophique que prévu, on l’a suivie d’un œil plus optimiste que les précédentes. Or, malgré la défaite, cet optimisme relatif n’est pas totalement éteint.

Il semble en effet qu’on assiste à la construction d’un groupe, d’une équipe. On a retrouvé des fondamentaux perdus, un embryon de jeu collectif (même si la fluidité n’est pas encore au rendez-vous) : un pressing volontaire et coordonné, de la solidarité, du caractère et même, quelques beaux gestes ! Soit, tout ce qui était invisible lors de l’interminable traversée du désert que fut la saison dernière…

Il n’est pas interdit de penser que les automatismes aidant et la condition physique des uns et des autres revenant au beau fixe (sauf Diaby, bien sûr), on puisse envisager mieux que la lutte pour le maintien qui semblait nous tendre les bras initialement.

Personne n’imagine le podium bien sûr, mais si les embellies entrevues se confirmaient, la première moitié du tableau deviendrait un objectif envisageable.

Devant, l’association Gomis/Iseka a fait miroiter quelques belles promesses. Sur les côtés, un Cabella déchargé par ce nouveau système de jeu du rôle de meneur pour lequel il n’est pas taillé pourrait apporter plus qu’un Sarr, rapide, mais limité. Les autre offensifs, mis en concurrence pour les places de dynamiteurs de fin de match ou de remplaçants, pourraient bénéficier d’une émulation positive poussant à plus de sérieux et d’abnégation quitte à grappiller du temps de jeu avant d’essayer de s’imposer.

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Les capacités à ressortir des ballons propres de Vainqueur et sa belle activité malgré le manque de compétition font espérer le meilleur. Son association avec un Diarra physiquement au point et ne serait-ce qu’à moitié motivé pourrait constituer un milieu défensif ayant peu d’équivalents en Ligue 1.

Derrière, si Dória, Hubočan, Rolando et Rekik manquent de talent, chacun d’eux peut néanmoins être un partenaire solide associé à un patron de défense expérimenté et intelligent. On pourrait rêver à bien mieux si l’on pouvait recruter un tel élément libre de tout contrat, ou au mercato d’hiver.

Dans l’intervalle, en l’absence de Bedimo (ou si ce dernier ne retrouvait pas un niveau suffisant), on pourrait encore tenter Hubočan à ce poste. À droite, on peut également envisager une alternance Sakai/Fanni selon l’orientation de jeu choisie : offensive ou plus prudente.

En réalité, il s’agit surtout de trouver une combinaison efficace et cela fait beaucoup de « si ». Pour l’heure, les carences individuelles, notamment en défense centrale, nous condamnent à être punis à la moindre défaillance du collectif.

Cependant, on ne peut nier que de nouveaux espoirs viennent de naître. Des espoirs, inimaginables il y a seulement trois semaines.

 


L'environnement

L’entraîneur

Passi a essuyé les moqueries – les miennes, notablement – avec stoïcisme et continué à travailler. S’il n’est pas l’homme idoine pour remonter l’OM au niveau qui doit être le sien, il fait peu à peu la preuve qu’il n’est pas non plus l’incapable congénital qu’on a pu imaginer.

On peut d’ores et déjà porter à son crédit d’avoir su mettre en place une organisation adaptée à son effectif et remis au goût du jour les fondamentaux oubliés par son prédécesseur aux dents blanches (et longues). Bon, ne nous enflammons pas non plus, en matière de « coaching efficient », Favre a quand même montré un tout autre niveau d’adaptation aux circonstances.

Bref, entre les élégants blazers bleus de Michel et les survét’ à trois bandes de Bielsa, l’homme qui porte les uns SUR les autres essaie de se positionner à mi-chemin. À voir sur les prochains matchs si les bonnes dispositions perdurent, en attendant l’homme providentiel promis par le nouvel acquéreur du club…

L’adversaire

Tous les médias français se focalisent évidemment sur la performance de Mario Balotelli, le comparant déjà à Zlatan et le plaçant d’office en tête de gondole de l’attractivité de notre peu reluisante Ligue 1.

Pourtant,  plus que le réalisme de l’Italien, on a pu apprécier l’activité de Kozielo, le talent de Cyprien, le culot de leur jeune Sarr, la vitesse de Pléa et Dalbert, l’abnégation de Seri et la classe de Belhanda, LA vraie bonne idée de leur recrutement.

Très attendu, Dante a pourtant peu brillé tout en se comportant déjà en patron de sa défense, ce qui nous fait cruellement défaut… On sent bien là qu’il y a une différence globale de qualité entre les deux effectifs.

Le contexte

Nice se renforce de saison en saison grâce à des recrutements bien pensés et des coups de poker judicieux. Comme les Lillois en leur temps, les Niçois progressent vers le haut niveau, et comme eux, on peut penser qu’ils ne feront que l’effleurer avant de retourner à l’anonymat dans l’indifférence générale. La mienne en tout cas.

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Non, je mens, personnellement je jubilerai en les voyant retomber dans les limbes de la seconde partie du classement et les luttes pour le maintien. Après les « Marseille, Marseille, le titre s’en va ! » de sinistre mémoire il y a quelques années, les supporteurs niçois se sont cette fois-ci fendus d’une banderole annonçant « un autre comique à Marseille »… Rien que pour ça, je rêve que notre révéré nouveau patron va tripler l’enveloppe mercato de la saison prochaine et leur piquer leurs meilleurs joueurs et leurs « prospects », rien que pour le fun.

En attendant, les Niçois bénéficient déjà de l’aide de leur nouvel actionnaire chinois…

Qu’est-ce qu’on pourrait leur souhaiter de pire ? Que Super Mario après son doublé estime avoir retrouvé le niveau ballon d’or et retombe dans ses travers en foutant la zizanie dans le vestiaire au passage ? Banco !

L’arbitre

M. Schneider a parfois eu des oublis surprenants alors qu’il était tout près de l’action, comme sur l’obstruction manifeste de Hubočan sur Dalbert ou la faute non sifflée sur Iseka.

À l’inverse, il a fait preuve d’une sévérité exagérée sur quelques fautes comme le carton jaune pour Anguissa, qui était certes coupable d’un engagement un peu excessif et spectaculaire, mais dont le tacle était précis et sans danger, ou le coup franc sifflé pour une intervention parfaite de Vainqueur sur Mario la star…

Pour autant, l’un dans l’autre, il a bien tenu les débats sans interrompre le jeu à tout bout de champ.

Quant au penalty accordé à Nice, même si la poussette de Vainqueur était minime et aurait pu être pardonnée sans qu’on crie au scandale (d’autant que le ballon était dégagé par Hubocan, annihilant l’occasion de but), il lui était difficile de totalement passer sous silence un acte d’antijeu dans la surface…

On a connu pire.

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A propos de selfmade footix


Artiste sur le terrain, viril mais correct dans la vie. Ou le contraire, ça dépend. Amoureux de la vie, de l'amour, du beau jeu et de l'amour du beau jeu. Accro aux parenthèses et autres digressions. Loisir : Lapins crétins spotting sur les pelouses de France et de Navarre.
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