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Dieng sort du placard
Mis sur le marché et écarté l’été dernier, l’international sénégalais va vivre sa première titularisation de la saison, ce soir à Strasbourg. DE NOTRE ENVOYé SPéCIAL PERMANENT
MATHIEU GREGOIRE MARSEILLE – La contre-attaque cinglante qui fend l’air froid de la Meinau, le centre de Luis Henrique depuis le côté droit, le corps qui s’envole un mètre au-dessus du sol, la tête qui ne regarde plus la cage et ne pense plus, la jambe droite qui se détend et cisaille parfaitement le ballon… Le 12 décembre 2021, à la 62e minute d’un match fermé et finalement gagné 2-0 à Strasbourg, Bamba Dieng, fort maladroit jusque-là, a inscrit un but sublime, resté dans les esprits et les cœurs marseillais, où les papinades ont pourtant pris une place démesurée avec le temps.
En mai dernier, en marge des trophées UNFP, les fans phocéens ont ainsi poussé pour élire cette bicyclette comme la plus belle réalisation de la saison en L1. Avec l’envie de vite retrouver cet avant-centre improbable, lancé en pros par l’entraîneur par intérim Nasser Larguet en février 2021, un peu par hasard, au moment où l’OM vivait une crise majuscule.
Suarez ne convainc pas
Las, l’été a été celui de tous les dangers pour Bamba Dieng (22 ans), on y reviendra encore une fois, même si le feuilleton a noirci déjà bien des pages des gazettes et aimanté l’audience des sites suivant l’OM. Ce soir, à Strasbourg, pour la 13e journée, Bamba Dieng vivra sa première titularisation de la saison en Ligue 1. « Bamba est une option très sérieuse, on y réfléchit avec le staff », a confié Igor Tudor, hier après-midi, mais sa mise en place et ses dernières consignes ne laissent guère de doute. Dieng débutera en pointe, avec Dimitri Payet et Cengiz Ünder en soutien. Ce n’est pas une grande surprise, et pour plusieurs raisons. Moins en vue à Francfort (1-2, mercredi soir), où il a couru quand même 9,6 kilomètres et proposé 17 sprints à plus de 25 km/h, Alexis Sanchez a besoin de souffler. Quant à son suppléant numéro 1, Luis Suarez, il n’offre pas assez de garanties au staff. L’ancien de Grenade a commencé à Tottenham, le 7 septembre, quand le Chilien était suspendu. Il a marqué trois buts depuis son arrivée, dont deux lors de la première journée face à Reims (4-1, le 7 août), un soir de canicule où sa furia brouillonne a été récompensée. Depuis, son style de taurillon s’avère bien moins concluant : ce transfert monté de A à Z par le directeur du football, Javier Ribalta, ne convainc pas.
Faute de pouvoir lui donner des minutes en C1, une compétition pour laquelle il n’est pas qualifié, Igor Tudor a relancé doucement Dieng en Championnat, depuis son retour de sélection sénégalaise, fin septembre. Face à la Bolivie (2-0) puis l’Iran (1-1), il a retrouvé le chemin des terrains après plus de deux mois sans opposition, accumulant quarante minutes de jeu. À l’OM, Tudor l’a fait entrer pour les fins de match contre Angers (3-0), Ajaccio (1-2), le Paris-SG (0-1) et Lens (0-1). Le 8 octobre, il a été ovationné par le Vélodrome lors de ses premiers pas à domicile contre le club corse et il s’est mis en évidence, tout en vendangeant quelques opportunités.
De la profondeur, de la puissance, des prises de risque, des sueurs froides pour l’adversaire mais aussi de l’imprécision, voilà le cocktail maison de Dieng, qui a totalisé sept buts en vingt-cinq matches de L1 lors de l’exercice 2021-2022. Jorge Sampaoli en avait fait son premier choix en pointe pour cette saison, mais l'Argentin a brusquement quitté la Provence, début juillet. L’état-major de l’OM est allé chercher Suarez à la hâte, le 18 juillet. Dieng a disparu des plans dans la foulée. Zappé sportivement et mis sur le marché par la direction, il sera tout proche de signer à Nice, le 1er septembre, avant qu’une brève visite médicale dans un hôpital monégasque ne détecte un petit problème à un genou.
Le retour de Dieng à Marseille a invité les différentes parties à un pragmatisme apaisé. Succédant au directeur sportif David Friio sur le dossier, Ribalta a noué une relation cordiale avec les représentants du joueur. Et le 16 septembre, Tudor s’est dit heureux de travailler avec un jeune « formidable et bon comme du bon pain ». Résilient, ravi de s’entraîner au quotidien avec Sanchez, une de ses idoles, Dieng n’a plus qu’à mettre un dernier coup de ciseau pour tailler ces mauvais souvenirs estivaux.
L'Equipe