JPP REVIENS a écrit:Ta perception de "L'OPA dégueulasse" vient du fait que tu n'arrives pas à différencier le libéralisme économique, celui qu'une frange politique place à toutes les sauces pour dénoncer tous les méfaits et les excès de notre société, du libéralisme sociétal, culturel etc.
Le libéralisme, c'est l'école de la liberté des individus. Tu peux être profondément libéral sur un plan intellectuel, culturel et sociétal, tout en étant pour une économie régulée.
Si les mots "modernité" et "progrès" déclenchent automatiquement des signaux d'alarme en ton esprit, je pense que tu devrais élargir ton cercle de lectures à Maurras. Tu y trouveras (xénophobie mise à part), de belles idées anti-modernisme, anti-individualisme, anti plein de choses relevant de la liberté de l'individu et de sa capacité à décider lui-même, par lui-même, pour lui-même.
Quand j'abordais dans mon message le libéralisme, je parlais clairement du libéralisme économique pour lequel je ne conçois aucune progression. Mais on peut élargir à d'autres sphères comme tu le signales, où cela serait plus complexe.
Lorsque l'on associe aux termes de modernité et de progrès, des aberrations comme les réseaux a-sociaux sur lesquels nous échangeons, les montres connectées ou les smartphones (pour n'aborder que l'aspect technologique), je n'ai en effet aucun mal à me ranger dans le camps des réactionnaires. (Je pratique la résistance à cette modernité en crachant systématiquement sur les trottinettes électriques que des merdes laissent trainer un peu partout en plein Paname).
Quand on associe aux termes de modernité et de progrès l'IVG, la question de l'euthanasie ou du CV anonyme, je n'ai aucun mal à me ranger dans le camps des progressistes.
Quand on associe aux termes de modernité et de progrès, PMA et GPA, j'ai du mal à me situer dans un camps ou dans un autre.
Le problème quand les mots de modernité et de progrès sont employés à grande échelle, c'est qu'on ne sait plus trop ce que l'on met derrière. Et quand on creuse, soit il n'y a rien, soit il y a un gros paquet de merdes. En ces temps troublés, je préfère quand même me méfier.
Toi, tu n'es dans ces cas là et c'est à mettre à ton crédit.
Concernant les classes sociales :
Ce n'est pas parce qu'il n'y a véritablement une seule classe (et encore, je ne crois pas à la fable du 1% contre les 99% à la sauce Occupy Wall Street et ses réminiscences françaises ou espagnoles) organisée et agissant de manière consciente dans le sens de ses intérêts, que les autres classes n'existent pas.
Ce qui fait défaut, c'est la conscience de classe, rien d'autre.
Concernant le déterminisme :
Je ne crois pas dans un déterminisme absolu qui nous réduirait à l'état de robot programme, mais j'ai la certitude que nous sommes largement déterminé.e.s. Par notre positionnement dans la hiérarchie sociale en lien avec ton métier (ta CSP), comme par notre histoire familiale.
C'est indéniable, c'est factuel.
Tous les comportements, que les libéraux résument à un simple choix basé sur le libre arbitre, sont socialement situés, donc déterminés (réussite scolaire, vote, consommation d'alcool, éducation violente...). Des exceptions existent, mais elles ne restent qu'à ce stade face à la statistique.
Peut-on lutter contre nos déterminations ? Je dirais que oui, à condition d'en avoir conscience (ce qui nécessite un gros travail, lequel ne peut d'ailleurs qu'être lui aussi déterminé).
Peut-on gagner contre elles ? Je crains que non (j'ai une trouille terrible de finir bobo, et je pense que je finirais comme ça).
Autrement dit, j'aspire à l'émancipation, mais je ne la conçois que comme un horizon indépassable.