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Du Vélodrome au théâtre du Châtelet, le foot français marche sur la tête mais s'apprête à vivre une soirée de folie
Le PSG, qui sera au coeur de la cérémonie du 69e Ballon d'Or, au théâtre du Châtelet, à Paris, jouera à la même heure à Marseille, après le report à ce lundi soir du match au sommet de la L1. Le football français aurait eu besoin d'une instance plus lucide, mais la soirée sera folle.
La saison dernière, la cérémonie du Ballon d'Or avait eu lieu au lendemain du Classique OM-PSG (0-3). Cette année, elle se tiendra le soir même de cette affiche, décalée de 24 heures par une instance qui a totalement oublié ses grands discours sur le rayonnement du football français dans le monde, et dont la gouvernance est décidément bien fatiguée.
La LFP est prête à assumer que la Ligue 1 abrite un Ballon d'Or et qu'elle ne lui permette pas d'assister à son couronnement, s'il s'agissait d'Achraf Hakimi, et aurait pris la même décision, donc, si Ousmane Dembélé, le grand favori, n'avait pas été blessé : tout, dans cette affaire, est à courte vue et à rebours de l'intérêt du football français sur la scène internationale.
La concomitance est à la fois inconséquente et fâcheuse, parce que la distinction inventée par les journalistes de cette maison est devenue un sujet de débat planétaire onze mois sur douze, et parce que pour la première fois depuis que le champ des récompenses s'est élargi, un club français se verra rendre l'hommage dû à sa saison exceptionnelle.
Que ce club joue exactement à la même heure, puisque la LFP, obnubilée par le développement de Ligue 1+, n'a pas été assez forte, collectivement, pour faire passer l'intérêt général et le bon sens avant son règlement (*), envoie aux grands clubs européens le message d'un football français incapable de s'organiser pour ne pas empiler dans la même soirée deux événements majeurs de son automne.
(*) Le dimanche 28 octobre 2012, le match OM-Lyon avait été reporté dans l'après-midi en raison des prévisions de fortes rafales de vent, et n'avait pas été reporté au lendemain, la LFP ayant choisi de protéger les matches de Coupe de la Ligue du mercredi. OM-Lyon avait eu lieu un mois plus tard.
C'est une infinie faute de goût, mais puisque les principaux lauréats potentiels du club parisien sont blessés, il est probable que le PSG parviendra à être partout, et que ses supporters traverseront cette soirée dans la fièvre, à présent que les pratiques ont changé et que les téléspectateurs regardent rarement un seul écran à la fois. Concrètement, le verdict du Ballon d'Or lui-même surviendra après la fin du Classique.
En assumant que son OM-PSG ne fasse pas la une des journaux ce mardi matin, la LFP n'a pas regardé très loin devant elle, parce qu'elle aurait sûrement pu trouver une autre date qui puisse sanctuariser l'affiche ainsi qu'elle le mérite. Les seuls que l'on comprenne vraiment, dans l'affaire et la polémique naissante, sont les supporters de l'OM qui cherchaient désespérément un moyen d'échapper au couronnement douloureux de leurs rivaux historiques, et sont ravis de ce dérivatif qui leur donne l'occasion de troubler doublement la fête.
Une opportunité qui ne se représentera pas pour l'OM
D'un jour à l'autre, sportivement, les ressorts du Classique n'ont pas changé. Les blessés ne vont pas mieux, et la journée de dimanche a apporté la confirmation que Bradley Barcola avait rejoint Ousmane Dembélé, Désiré Doué et João Neves sur la liste des forfaits, ce qui commence à faire beaucoup, et qui finira par faire trop, peut-être, un jour.
Ce lundi soir ? Peut-être, mais le report d'une journée n'a pas seulement été considéré comme une victoire par les supporters marseillais parce que cela empêcherait des joueurs parisiens d'aller fouler le tapis rouge du théâtre du Châtelet : alors qu'ils cherchent à battre le PSG au Vélodrome en Ligue 1 pour la première fois depuis bientôt quatorze ans, ils avaient assez peu envie de rejouer dans deux mois face à une équipe au complet, et se trouvent au pied d'une opportunité qui ne se représentera pas, peut-être. Le jour d'après, à l'aube du Classique, il y a toujours de l'orage dans l'air.