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Humble, travailleur, enthousiaste... Paixao peut croquer, tout le monde l'adore
Il arrive à Paixao de croquer, comme à Nice vendredi. Mais sa générosité, sa discipline et son talent font facilement oublier les lacunes de l'ailier marseillais, qui devrait être titulaire ce mardi (21 heures) pour la réception de Newcastle.
Il semble être né avec un immense sourire, n'oublie jamais de dégainer quelques pas de danse après un but marqué et adore dribbler dans toutes les situations, quitte à perdre le ballon en cours de route. Le cliché du Brésilien fantasque pourrait parfaitement coller à Igor Paixao s'il n'était pas aussi un vrai joueur d'équipe, apprécié comme tel dans les vestiaires où il est passé.
L'été dernier, l'ailier marseillais a été acheté 35 M€ à Feyenoord pour dynamiter le côté gauche, mais il n'esquive pas les courses ingrates, sans ballon et vers son but. « Igor est là pour attaquer mais il est aussi très discipliné. Ça lui vient de sa famille, très importante pour lui. Son père a une grande influence sur cette rigueur, cruciale à ses yeux, observe Brian Priske, son entraîneur la saison dernière à Feyenoord, la meilleure de sa carrière avec 16 buts et 10 passes décisives en Championnat. Il a fini par obtenir ce qu'il méritait parce qu'il n'a pas arrêté de travailler dur. Il était toujours sur le terrain quinze minutes avant le début de la séance, pour s'amuser avec le ballon. Mais, dès qu'elle débutait, il était à fond et ne se cherchait jamais d'excuses pour en faire un peu moins. Toujours positif, il était aimé de tous et c'est le genre de joueur que vous adorez en tant que coach, car il est motivé et ouvert d'esprit. »
Successeur de Priske en février 2025, Robin Van Persie avait été séduit par les mêmes traits de caractère, après la victoire en barrage aller de Ligue des champions contre l'AC Milan (1-0, but de Paixao) : « C'est génial de travailler avec lui. Il bosse très dur, est facile à entraîner, et il est ouvert à tout. » Avec ses qualités, le Brésilien (25 ans) peut plus facilement faire oublier ses défauts, encore visibles vendredi dernier contre Nice (5-1).
À quelques secondes de la mi-temps, il pouvait assurer le 3-0 en servant Pierre-Emerick Aubameyang, mais il a préféré tenter sa chance seul, comme il le fait très souvent quand il joue un contre. Il a raté son duel avec le gardien et son partenaire n'a pas manqué de lui en parler à la pause : « Je lui ai dit, si tu décides de frapper, il faut que tu marques. Mais ne te prends pas la tête avec ça. Si j'en ai l'occasion, je te ferai la passe. »
Aubameyang lui a ainsi offert le cinquième but de la soirée, le deuxième en L1 de Paixao, plus efficace en Ligue des champions avec trois buts en quatre journées, dont une frappe sublime contre le Sporting Portugal (1-2, le 22 octobre). Les tentatives lointaines en partant de son côté gauche pour armer du droit, c'est son truc depuis longtemps.
« Comme il écoute attentivement, on a pu lui parler de matches où il tirait de trop loin. On voulait qu'il se rapproche un peu plus du but pour mieux exploiter sa qualité de frappe, et il a marqué de cette façon en Ligue des champions, explique Priske, qui encourageait ses prises de risques en assumant une part importante d'erreurs. Igor essaie toujours de prendre la bonne décision mais ça peut ne pas marcher. Il fait à chaque fois l'effort pour récupérer le ballon. »
Ses échecs n'agacent donc pas ses coéquipiers, séduits par son humilité et sa spontanéité. Quand il a poussé le ballon au fond des filets en empêchant un coéquipier de conclure un exploit personnel à l'entraînement, l'épisode a plutôt fait rire le groupe marseillais et Roberto De Zerbi ne restreint surtout pas sa liberté. « Paixao doit dribbler, faire des erreurs et continuer de dribbler. Les joueurs de qualité ne doivent pas penser à éviter les erreurs, mais à tenter », avait plaidé l'entraîneur après les imprécisions qui avaient pollué sa prestation contre l'Atalanta Bergame (0-1, le 5 novembre).
Paixao a besoin de ses jambes pour briller et elles n'ont pas pu soutenir toutes ses belles intentions, à cause de la blessure à une cuisse qui a freiné son intégration estivale. Mais la tête est solide, rodée à la pression après trois saisons à Feyenoord, et elle s'attaque aussi à des sujets lourds comme la lutte contre le racisme : ce Brésilien n'est vraiment pas qu'un sourire.