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Real-OM : Aubameyang, bête noire de Madrid, spécialiste de la Ligue des champions et atout N.1 des Olympiens
Le goleador gabonais retrouve l'une de ses victimes préférées, dans un stade qui lui a souvent réussi ce mardi soir face au Real Madrid (21h). Son expérience sera essentielle pour guider une équipe en quête de repères et d'un exploit.
Déchirants adieux. Un point final amer, forcé et dessiné avec les larmes qui perlaient sur ses joues. Sa centième et dernière, "Auba" aurait préféré, à jamais, l'oublier. La coupe d'Europe et lui, ce devait être fini. Sur cette maudite pelouse du Gewiss Stadium, où ses rêves ont volé en éclats, éparpillés par une intraitable Dea, dispersés par un trop frêle OM (3-0).
Mai 2024, Pierre-Emerick Aubameyang tournait le dos au Vieux continent, sur une demie de Ligue Europa et un record monumental (34 buts inscrits en C3).
À 34 ans, direction l'Arabie saoudite, paradis des préretraités. Les strass et paillettes, les petites musiques du milieu de semaine appartenaient à une autre vie. Vraiment ? C'était mal connaître la bête. 494 jours après l'avoir quittée inconsolable, le Marseillais est de retour sur la scène continentale. Parti par la petite porte, il va rentrer par la très grande. En Ligue des champions, la plus belle des compétitions. Au Bernabeu, temple du football, maison du légendaire Real Madrid.
"On le sentait investi d'une grande mission"
Le tableau pourrait en effrayer plus d'un, derrière ce voile d'excitation déposé sur l'OM dans le sillage du tirage. Mais pas lui. Aubameyang en a vu d'autres. Il a surtout pris un malin plaisir à devenir l'une des bêtes noires de la maison blanche. Là où d'autres goleadors ont tremblé, lui a (presque) toujours planté. Et plutôt sept fois qu'une, en autant de rendez-vous avec le Real. Ce qui en fait l'une de ses proies favorites après 17 ans de carrière, aussi étonnant que cela puisse paraître. Ce qui en fait, aussi, la menace numéro un pour les Madrilènes, dont la mémoire n'a pas effacé tout le mal qu'il leur a fait. En particulier ce 20 mars 2022, soir de Clasico, où le Gabonais, auteur d'un doublé et d'une passe dé, a roulé sur Courtois, Vinicius, Kroos et compagnie (0-4). Merengue échaudé craint la Panthère.
Au-delà de ses coups de griffes, Roberto De Zerbi attend un leader. Un guide pour une équipe en chantier, dont les éléments ont, pour la plupart, fait connaissance voici une semaine, et tâtonnent encore en Champions (11 matches disputés en moyenne). Du haut de ses 38 apparitions (17 buts) sur la piste aux étoiles, deuxième total derrière Benjamin Pavard (51 rencontres), Pierre-Emerick Aubameyang connaît le sentier qui permet d'y briller. Ce n'est pas un hasard, si "Roby" a tant tenu à le garder au frais vendredi passé.
Le Lombard aura besoin d'un "Auba" en pleine possession de ses moyens pour espérer et inspirer sa troupe. "'Auba c'est la classe, un grand professionnel, un grand homme. C'est un joueur qui a l'expérience et aime les grands rendez-vous, avec enjeu et tension, glisse son ancien camarade Samuel Gigot. Avoir dans un groupe un joueur de cette trempe est important, car il t'apporte cette sérénité, cette envie, cette exigence." "Rien ne remplace le vécu, martèle Ghislain Printant, ex-adjoint de Jean-Louis Gasset en Provence (2024). L'Europe, ça lui tenait vraiment à cœur. Il avait cerné l'importance que ça a pour le peuple marseillais. Il se mettait en mode commando. On le sentait investi d'une grande mission."
"Sa simple présence galvanise le groupe"
Tirer tout le monde derrière lui, sublimer l'OM lors des nuits européennes, le Lavallois l'a déjà très bien fait. À l'époque, en Ligue Europa. L'adversité était moins relevée. Son équipe aussi. L'ancien entraîneur de Bastia et Sainté était alors aux premières loges pour suivre sa (glorieuse) campagne (10 buts, 3 passes décisives). "Sa simple présence galvanise le groupe. J'en veux pour preuve ce match à Villarreal, où l'on voulait à tout prix l'économiser. Mais sans lui, on prenait la marée, se rappelle l'Héraultais. Qu'importe la fatigue ou les risques de blessure, il fallait le faire entrer. Et, in fine, c'est lui qui nous soulage en créant tout seul le but de Clauss."
Et Ghislain Printant d'insister sur ce partenaire particulier. "Il n'a pas le tempérament du leader de vestiaire que l'on imagine, celui qui lève la voix. 'Auba', c'est plutôt le gars qui vous amène le soleil, même si on n'en manque pas à la Commanderie (rires). C'est quelqu'un qui a toujours la banane, qui envoie en permanence des ondes positives, décrit-il. Il sait être sérieux pour passer des messages, mais ça se finira par un sourire ou un rire, histoire de dédramatiser. C'est très précieux pour retrouver de la sérénité quand la pression grimpe, comme ce sera le cas à Madrid."
Une soirée de rêve pour sécher ces vilaines larmes. Une occasion en or de retrouver le vrai "Auba". Un homme qui sourit à l'Europe.