par iamaseb » 25 Juil 2022, 11:36
Libre à chacun de se faire son opinion sur ma représentation des choses. Je pense moi au contraire m’attaquer, à sa racine, à toute forme de discrimination de ce type, et en ce sens ne pas être gangréné au contraire d’autres schémas de pensées.
C’est donc avec une petite pointe d’injustice, de colère, de tristesse et de désespoir que je me vois accoler le qualitatif d’antisémite, injure au niveau des valeurs morales, mais aussi sur le plan de la représentation du monde et de la pauvreté du raisonnement qu’il suppose selon moi.
Mais c’est votre droit de porter ainsi une telle accusation sur votre prochain aussi dégueulasse puisse-t-elle être (et ici elle l’est), je demanderai juste, si possible, de le faire après avoir lu mon propos plutôt qu’avant.
En premier lieu, il nous faut parler de l’humain. Je fais partie de ceux qui pensent que l’être humain est avant toute chose, un être doté de sentiment, de raison. Il a besoin d’amour, il sait aimer. Il se construit avec son environnement. C’est ce qui fait la valeur, l’importance de chacun de nous. C’est une vision universaliste. Peu importe que l’individu soit un criminel, un sain, il reste un être humain, et à cet égard, il doit, en toute circonstance être traité dignement.
Cette approche, je le sais, me vaut déjà de nombreuses critiques. Non pas d’antisémitisme en l’espèce, mais parfois de « connivence » avec les auteurs d’actes ignobles par exemple. Là n’est pas le sujet, donc je ne développerai pas, mais il y a déjà une forme de contradiction dans les accusations qui me sont faites (vous pouvez toujours penser qu’il s’agit de mes contradictions).
Toujours est-il que cette vision universaliste, qui ne s’interdit pas de constater à l’échelle d’un individu un comportement criminel, est construite sur une représentation des individus différente d’autres visions. Visions qui sépareraient/regrouperaient les individus en fonction de critères (la couleur de peau, la nation, la religion, les idées politiques, l’arbre généalogique…), et qui, plus grave, valoriserait différemment les individus selon cette classification. Par exemple refuser de soigner quelqu’un, parce qu’il n’a pas la bonne carte d’identité.
C’est ici que ça devient délicat, car c’est visiblement un trait humain que se réunir sous une même bannière. Les raisons sont sans doute très nombreuses, tant psychologique, sociologique, politique (endoctrinement)… toujours est-il que c’est ainsi. Si bien que la vision universaliste, une posture idéologique que je m’impose quand il s’agit d’analyser la société, ne parle pas à tout le monde, voir heurte les sensibilités et représentation de quelques-uns.
Alors, souvent, ce n’est pas méchant : les « français aiment le bon vin ». A part pour ceux qui veulent signifier par-là, que les vrais français boivent de l’alcool, on va dire que cette affirmation est plus bête qu’autre chose. C’est le genre de phrase qu’on fait tous, même quand on essaye par ailleurs d’avoir une vision universaliste.
Mais quand on parle de sujets sérieux et dramatiques, comme la rafle du Vél'd'Hiv, il s’agit de faire attention aux choix des mots, et à la représentation qu’on se fait. La phrase qui consiste à dire, non ce ne sont pas des êtres humains, mais des personnes parce que Juives qui ont été sélectionnées, ça me pose un gros problème. De même quand on traite d’antisémite celui qui aurait parlé d’être humain.
Alors bien sûr, il y a des révisionnistes, des individus qui pensent que tout ça est inventé, exagéré… Ceux qui tiennent ce genre de discours doivent être contredit, c’est très important. Et en ce sens, je peux comprendre qu’on soit vigilant.
Mais, il s’agit aussi d’être vigilant à ne pas reprendre la vision xénophobe. Tel que je conçois les choses (vision universaliste développé à l'instant), non, les individus n’ont pas été envoyé dans les camps de concentration parce que « juif ». Ils ont été envoyés dans des camps par le fait d’autres individus, sur la base d'une classification des êtres humains en fonction de critères subjectifs, fanatisés et haineux.
Ce n’est pas la même chose, et c’est une injure, selon moi, de réduire les victimes aux statuts donnés par leur bourreau. Ça m’est insupportable, que des êtres humains dont je partage l’humanité en soit réduit à cela. Oui, parmi les victimes, il y avait des homosexuels, des communistes, des pratiquants juifs ou autre, des athées... C'est la richesse humaine, pas des tares exclusivements discriminantes.
Je ne dis pas cela pour moquer ceux qui reprennent ce genre de propos. Je dis cela pour que collectivement, on prenne conscience de certains écueils. Je sais que dans la plupart des cas, vous n’avez pas de mauvaise intention quand vous dites cela, bien au contraire.
De mon point de vue, quand il s’agit de parler de la dignité et de droit universel, les critères par essence fantasmé comme « juif » sont hors de propos. Je me fou de savoir si 3 grands-parents sur 4 ont pratiqué telle religion, si un enfant est né avant ou après une loi (1935), si le sang pur est contaminé dès une relation sexuelle avec un croyant etc.
Ce n’est pas ma représentation des êtres humains, c’est du délire complet. Et je compte bien ne pas le reprendre à mon compte, d'une façon ou d'une autre. Voilà ce qui me dérange. Si pour vous c'est de l'antisémitisme, bah je ne sais pas quoi dire de plus.
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iamaseb le 25 Juil 2022, 11:54, modifié 2 fois.
L'arbre est mort, impuissant mais lucides, nous regardons les feuilles tomber, les unes après les autres.